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« Sporting-Club » par Julien Masmondet et l’Orchestre National d’Île-de-France – Ludique et jubilatoire – Compte-rendu

Intitulé « Sporting-Club », le programme de l'Ondif sort incontestablement des sentiers battus par le regard insolite porté sur les rapprochements souvent antinomiques entre musique classique et sport. Un concert qui relève d’un véritable exploit tant le chef Julien Masmondet (photo) – ancien assistant de Paavo Järvi à l'Orchestre de Paris – doit faire preuve d’une totale adaptabilité et d’une précision horlogère pour mener à bien une expérience atypique et singulière.
 
Pour débuter, la pièce In the Circle… du jeune Tetsuya Yamamoto (né en 1989, il a reçu le Prix du Jury du Concours de composition Île de Créations 2018)(1) restitue de manière poétique les impressions ressenties en 1998 lors des Jeux Olympiques d’hiver de Nagano, sa ville natale. Dix minutes remarquablement orchestrées aux atmosphères contrastées. L’élégance et la fluidité de Jeux de Debussy, comme la force vitale de Rugby d’Honegger profitent ensuite de la direction svelte, claire et sensuelle, énergique aussi, de Masmondet qui se joue des difficultés de ces partitions fourmillantes d’idées.

Pendant la répétition de Ricochet ... © DR
 
En seconde partie, le percussionniste de l’ONDIF Georgi Varbanov impressionne par sa vélocité dans Rebonds B (1987-1988) de Iannis Xenakis, brillant et exigeant solo d’une violence expressive implacable et qui n’a pas pris une ride. Mais l’événement de la soirée réside plus encore dans la création française de Ricochet, un concerto pour ping pong (!) de l’Américain Andy Akiho (né en 1979). Sous nos yeux, se déroule une exhibition haute en couleur et pleine de rebondissements où les pongistes (deux sportifs de haut niveau, Daniela Dodean-Monteiro et Christophe Legout) se livrent avec force balles et en rythme à un match, tandis que le violon solo de Ann-Estelle Médouze et les percussions de Georgi Varbanov participent avec l’orchestre à un impressionnant échange virtuose.
Deux comédiens, Elsa Tauveron et Yann Lheureux, assurent les transitions au moment des changements de plateau, sur un texte d’Edouard Signolet écrit dans un style ludique à la manière de Georges Perec. Très impliqué, Julien Masmondet doit faire face à toutes les situations et dirige aussi bien l’Orchestre que les pongistes placés derrière lui - et devenus pour l’occasion percussionnistes professionnels. Son énergie le dispute à la maîtrise technique et à un engagement spectaculaire. Jubilatoire !
 
Michel Le Naour

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(1) www.orchestre-ile.com/site.php?type=P&id=886
Alfortville, POC, 7 avril 2018

Photo © Solea-Management

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