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Spectacle de l’Ecole de Danse de l’Opéra à Garnier - Etat de grâce - Compte-rendu
Que n’a-t-on dit de l’état actuel de la troupe du Ballet de l’Opéra, lequel pâtit du manque d’étoiles charismatiques, les seules en piste étant d’une génération qui brille de ses derniers feux, les Letestu, Leriche et Dupont. En voyant le spectacle monté par Elisabeth Platel pour jauger des promesses d’un avenir proche, on peut se dire rassuré, car jamais sans doute, cette manifestation qui regroupe le meilleur de l’Ecole de Nanterre, devenue emblématique de l’état des lieux, n’a atteint de tels sommets.
D’emblée, la plus vive émotion : le rideau se lève sur un clair obscur, six silhouettes s’inscrivent dans l’espace en ombres chinoises, on joue le Trio en la mineur op 50 de Tchaïkovski, et bruits et fureur s’effacent. Etat de grâce de ces Dessins pour six, chorégraphie rare, signée en 1948 par John Taras, lié aux ballets de Cuevas, à mi-chemin entre la musicalité graphique d’un Balanchine et le lyrisme contenu, la poésie de Robbins. Tendresse feutrée, croisements de lignes souples, une sorte de silence habité relie le public aux silhouettes épurées qui traversent l’espace, et si les quatre jeunes filles sont harmonieuses, les deux garçons jettent des feux, par leur perfection, déjà : d’une absolue élégance, admirablement placé et ne faisant pas décoller une mouche quand il saute, Hugo Marchand est, on l’espère, un futur Roméo. En face de lui, un Mercutio, un Puck, le craquant Mathieu Contat, aérien comme un elfe, malicieux comme un lutin.
Puis vient Coppélia, un Coppélia présenté grâce au travail minutieux de Pierre Lacotte dans une version qu’on ne voit jamais, puisqu’elle comporte le troisième acte, généralement rogné pour cause de longueur, et qu’il a élaboré en toute fidélité au style d’Arthur Saint-Léon, auteur de la chorégraphie de 1870. Le résultat est pure merveille. Joues et bottes rouges, la jeunesse flambe certes, et il faut l’avouer, l’Orchestre de l’Opéra, joyeusement dirigé par Marius Stieghorst, a ici pleinement joué le jeu de la pimpante musique de Delibes. Mais surtout, il y a une perle, cette Swanilda qu’incarne en ballerine confirmée la piquante Marie Varlet : légèreté, brio,jeu aisé, avec l’assise de pointes bien campées, cette danseuse qu’on rêve déjà en Belle en bois dormant a tenu le public en haleine. Autour, des partenaires et un corps de ballet impeccables qui ont électrisé la salle. Les quelques petits ratés n’en avaient que plus de charme. Il fallait bien se rappeler de temps en temps qu’il s’agissait là d’un galop d’essai. Alors qu’on se sentait déjà à Chantilly.
Jacqueline Thuilleux
Spectacle de l’Ecole de Danse. Paris, Palais Garnier, 7 avril 2011, dernière le 12 avril.
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Photo : David Elofer / Opéra national de Paris
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