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​Sergey Khachatryan, Alain Altinoglu et l’Orchestre Paris-Vienne à la Philharmonie de Paris – Tout à la musique – Compte-rendu

 
C’est en 2017 que l’Orchestre du Conservatoire de Paris et celui de mdw (l’Université de musique et des arts du spectacle de Vienne) ont pour la première fois uni leurs forces sous le nom d’Orchestre Paris-Vienne. Après une période bousculée comme partout par la crise sanitaire, les deux phalanges peuvent enfin reprendre leurs activités communes, ce avec un enthousiasme évident comme l’a démontré le concert dirigé par Alain Altinoglu à la Philharmonie.
Une création trouve place en ouverture de programme avec Le Ravin des figures de Claire-Mélanie Sinnhuber –  compositrice franco-suisse que d’aucuns auront retrouvée quelque jours plus tard à Radio France lors de la création d’un ouvrage pour chœur d’enfants. D’une dizaine de minutes, la pièce s’inspire des peintures rupestres du Ravin des figures, en Andalousie, et offre une musique bruissante, fourmillante de détails et de timbres que la phalange restitue sous la baguette précise et vivante d’Alain Altinoglu.
 

Pendant la répétion du concerto de Brahms © DR
 
Le Concerto pour violon de Brahms sous l’archet de Sergey Khachatryan : un magnifique cadeau fait au public certes, mais aussi à de jeunes musiciens qui, à coup sûr, garderont longtemps la mémoire d'un magnifique moment de partage musical. Prince de l’archet, parmi les plus grands de notrre temps, le violoniste arménien est bien trop rare à Paris - et sur les scène françaises plus généralement. On ne goûte que mieux son interprétation de l’Opus 77, partition fameuse s’il est mais qui, sur ce violon d’ambre et d’or, résonne avec une fraîcheur et une intensité peu communes. Le soliste peut compter sur la souplesse et la vigilance d’un chef lyrique qui fait corps avec sa respiration, lui offrant la réplique d’une formation école, attachée à donner le meilleur d’elle-même. Technique supérieure, intelligence d’un phrasé exempt de toute trace d’habitude, sens du tempo juste : Khachatryan emplit l’Allegro non troppo d’un véritable bonheur d’exister, avant un Adagio point trop lent, fluide et d’un lyrisme radieux. Quant au Rondo conclusif, l’échange soliste-orchestre fait songer à une conversation joyeuse et enlevée entre deux amis. Un pur régal !
Nombreux et différents des publics habituels de la Philharmonie (beaucoup d’amis, de membres des familles des musiciens présents sur scène), l’auditoire ne boude pas son plaisir, aussi bien entre les mouvements qu’au terme de l’ouvrage. Khachatryan offre une mélodie arménienne en bis, d’une noblesse et d’une simplicité bouleversantes.
 
Un autre tube symphonique occupe la seconde partie avec la Fantastique d’Hector Berlioz. On y retrouve une phalange résolument investie sous la conduite enthousiaste et souriante de son chef. Les jeunes musiciens s’ébrouent avec bonheur dans l’exigeante partition du Français. L’Orchestre Paris-Vienne reste un orchestre d’étudiants et ne saurait prétendre au fini et à l’homogénéité d’une formation constituée. On repère de petites défaillances ici ou là certes, mais le résultat, vitaminé, n’en demeure pas moins réjouissant par l’engagement de jeunes artistes tout à la musique d'un bout à l'autre de la soirée.
 
Alain Cochard
 

Paris, Philharmonie, Grande Salle, 2 décembre 2022
 
© Ferrante Ferranti

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