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Scylla et Glaucus de Jean-Marie Leclair, vingt ans après

Pour sa dernière saison versaillaise, Vincent Berthier de Lioncourt a voulu remettre en lumière l’œuvre du seul rival possible que Rameau, parvenu au fait de sa gloire, ait pu compter : Jean-Marie Leclair. Un destin tragique – on l’a trouvé assassiné le 23 octobre 1764 dans sa maison de la rue Carême-prenant – qui donna lieu à bien des exégèses (1), a trop longtemps diverti d’une œuvre de première force. Si Rameau fit sa grammaire au clavecin, Leclair, de son archet, jette les derniers feux du violon italien.

A l’exemple du dijonnais il vint à l’opéra relativement tard et contrairement à celui-ci, se contenta d’un seul ouvrage : Scylla et Glaucus, créé le 4 octobre 1746 à l’Académie Royale de Musique. Leclair allait entrer dans sa cinquantième année. Il n’oublie pas son violon dans cet ouvrage qui distille une écriture uniment virtuose, pourtant bien différente de Rameau, plus ensoleillée par les souvenirs romains. La partition regorge de chœurs prenants, assez rares dans les ouvrages d’époque, et son irrépressible vitalité ne néglige pas les charmes. Splendide tragédie lyrique, que l’on entend pour ainsi dire jamais, et que l’on rêverait de revoir montée, comme à Lyon voici déjà…vingt ans !

John Eliot Gardiner avait alors tenté de redonner vie au cinq actes aventureux, un enregistrement publié chez Erato documente cette production aussi mythique que celle des Boréades. Christophe Rousset et ses Talents Lyriques relèvent le défi les 27 et 29 septembre dans le cadre de l’Opéra Royal voulu justement par Louis XV qui aima tant le violoniste. Le coup d’envoi de huit concerts tous dédiés à Leclair, mais aussi de l’Automne Musical du Château de Versailles qui offrira trois autres tragédies lyriques : Isis de Lully, l’Europe Galante de Campra et la sanglante Callirhoé de Destouches.

Jean-Charles Hoffelé

Automne musical du Château de Versailles, du 27 septembre au 13 décembre. Scylla et Glaucus, les 27 et 29 septembre.

Programme détaillé et réservations

(1) dont un roman policier de grande venue, à l’éclaircissement pour le moins stupéfiant, « L’assassinat de Jean-Marie Leclair », de Gérard Gefen, Belfond.

Photo : © BnF
 

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