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Saint-Céré - Compte-rendu : Beaumarchais au secours de Rossini


Ce n'est pas la pièce de Beaumarchais et plus tout à fait l'opéra comique de Rossini. D'ailleurs, cela s'appelle Un Barbier de Séville. La belle affaire ! C'est une des plus exquises soirées auxquelles on puisse assister ces temps-ci. Je connais des musicologues pédants qui vont s'insurger... Qu'ils s'ennuient donc tranquillement à leurs versions originales et tutti quanti ! Dans le bijou Renaissance de la cour du Château de Montal, à un jet de pierre de Saint-Céré, notre bonheur est décuplé. La savoureuse harmonie entre théâtre et musique à laquelle est parvenu le père du tournedos flambe grâce aux arrangements musicaux de Dominique Trottein et à Dominique Desbordes qui a substitué malicieusement le texte original de Beaumarchais en lieu et place des récitatifs de Rossini: c'est vif, insolent, mordant à souhait.

Seulement voilà, rien de tout cela ne porterait ses fruits sans le jeu déluré des jeunes acteurs chanteurs qui font flamber haut le verbe de l'inventeur du droit d'auteur. Je soupçonne fort le Figaro bravache de Lorenzo Arcaro d'avoir jadis pris la Bastille : dupe de rien, il mène rondement ses affaires de futur petit bourgeois enrichi dans la magouille. Une visite à Gabriel Bacquier pourrait l'aider à résoudre ses derniers petits problèmes vocaux, mais déjà l'acteur brûle les planches. Son Almaviva de patron, timbre ensoleillé, a de la branche et du jarret. La Rosine d'Hermine Huguenel est déjà une petite peste qui ne s'en laisse pas conter, même par un comte... Elle s'amuse comme une folle et nous aussi et vous envoie ses airs comme des billets doux.

En acteur sensible, Christophe Lacassagne campe un Bartolo plus jeune et plus émouvant qu'à l'accoutumée qui laisse la farce à son compère Basile où Jérôme Varnier trouve chaussure à son pied. Toute calomnie mise à part. La sienne fut parfaite.

Sept musiciens sont à jardin pour mieux porter les voix que Corine Durous défend du piano toutes griffes dehors. Olivier Desbordes a réglé les gags comme un feu d'artifice en pensant à tout. Même au casse-croûte de l'entracte dégusté sous les arbres du parc: un Glyndebourne démocratique. Foi de Figaro !

Jacques Doucelin

Festival de Saint-Céré, le 31 juillet 2008. Prochaines représentations: Château de Montal: 6, 7, 13 août, 20 h; Cahors: 9 août, 21 h. Tél : 05 65 38 28 08. www.festival-saint-cere.com

Tournée de la Compagnie Opéra éclaté: Istres (21 octobre), Castres (22, 23), Sarlat (24 octobre), Longjumeau (15 novembre), Autun (6 décembre), Draguignan (4 janvier), Châlon (10, 11 janvier), Millau (5, 6 mars), Rodez (20), Colomiers ( 21), Gap (24, 26, 28, 30 mars, 1er, 3, 6 avril), Albi (28 avril), Moissac (29), Epinal (30 avril).

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Photo : DR

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