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Robin Ticciati dirige l'Orchestre national de France - De vents et de grâce - Compte-rendu

« Dans mes concertos, le soliste est l'être humain et l'orchestre, la nature » nous expliquait l'an dernier Toshio Hosokawa (1). Avec Aeolus, concerto pour harpe donné ce 7 janvier en création française, le compositeur japonais ne déroge pas à ce principe réaffirmé œuvre après œuvre. Dans Aeolus, il est même poussé à l'extrême. Si, sous les doigts de Xavier de Maistre, la partie soliste se fait de plus en plus virtuose, traçant des motifs qui évoquent la musique japonaise pour cordes, l'orchestre compose des atmosphères changeantes. Parcouru de mouvements simples – trilles et glissandos, crescendos et decrescendos – il s'anime peu à peu d'une vie intérieure mais sans lignes directrices évidentes, toujours en évolution.

Souvent portés aux marges du silence, les musiciens de l'Orchestre national de France font entendre leur remarquable cohésion sous la direction du chef anglais Robin Ticciati, qui a créé l'œuvre en octobre dernier avec l'Orchestre de chambre d'Écosse. Déjà, dans le Prélude de Lohengrin de Wagner qui ouvrait le concert, le chef avait obtenu des cordes cette même clarté exemplaire.
La deuxième partie du concert a confirmé les grandes qualités de ce jeune chef trentenaire (né en 1983), avec une Quatrième Symphonie de Mahler parfaitement équilibrée, sinon un peu retenue. Tirant toujours de l'orchestre une sonorité lumineuse, Robin Ticciati accompagne parfaitement, dans le finale, la voix plutôt légère de la soprano Camilla Tilling, offrant au public du nouvel Auditorium de la Maison de la Radio un beau moment de grâce.
 
Jean-Guillaume Lebrun
 
Paris, Maison de la Radio, 7 janvier 2015
 
(1) Lire la Rencontre avec Toshio Hosokawa : http://www.concertclassic.com/article/rencontre-avec-toshio-hosokawa-la-musique-est-un-pont-entre-deux-mondes

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