Journal

​Riccardo Muti et l’Orchestre Symphonique de Chicago à la Philharmonie de Paris – Coloré et flamboyant – Compte-rendu

Ces dernières années, on avait connu Riccardo Muti (photo) moins engagé à la tête de son Orchestre Symphonique de Chicago (dont il est directeur musical depuis 2010) lors de ses apparitions parisiennes. A la Philharmonie, dans un programme qui ne manque pas d’originalité, toujours aussi précis et maître des éléments, il se montre à la fois détendu et plus acéré que de coutume. Il est vrai qu’il bénéficie de la splendeur d’une phalange qui, depuis sa création, a toujours fait ses preuves. A l’actif du chef italien, il faut reconnaître des qualités de nuances et d’équilibre, sans que la jouissance physique qu’apportent les cuivres ne soit pour autant sacrifiée. Les cordes – en particulier les altos – atteignent une splendeur qu’on ne leur connaissait pas toujours.
 
Dans la Konzertmusik op. 50 de Hindemith (1930), le résultat est à la hauteur des attentes. Loin de l’impression formelle que dégage souvent l’œuvre du compositeur allemand, Muti sait magnifiquement organiser les différentes séquences et humaniser le discours. Une magnifique démonstration où l’orchestre, en formation réduite, manifeste splendeur,  puissance et couleurs.
Avec la rare ouverture de concert In the South op. 50 de Elgar (1904) –  regard straussien porté sur des souvenirs de voyage en Italie – la dimension mélodique est portée à son acmé, la luminosité et la transparence font merveille avec un contrôle exempt de pathos.
Seconde partie plus traditionnelle : l’interprétation d’Une nuit sur le mont Chauve de Moussorgski (version de Rimski-Korsakov) privilégie la grande allure et le brillant plutôt que le caractère fondamentalement russe. Les Tableaux d’une exposition (orch. Ravel) atteignent en revanche une flamboyance et une puissance d’évocation envoûtante jusqu’à la démesure de la Grande Porte de Kiev qui retentit de tous ses feux avec une luxuriance de chacun des pupitres. Le bis (la Suite tirées des Vêpres siciliennes de Verdi) suscite l’enthousiasme du public tant Muti fait corps avec une musique qui lui est consubstantielle.
 
Michel Le Naour

logo signature article

Paris, Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez, 13 janvier 2017

Photo © DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles