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Renaud Capuçon et Kit Armstrong jouent l’intégrale des sonates de Beethoven à Aix-en-Provence – Stimulant dialogue — Compte-rendu

Leur duo autour des sonates pour violon et piano de Mozart a fait l’unanimité au fil des concerts donnés ces derniers mois. On ne change pas une équipe qui gagne : sans abandonner Mozart, c’est avec l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven que Renaud Capuçon et Kit Armstrong ont décidé de poursuivre leur collaboration. Quatre heures de musique en deux rendez-vous pour livrer quelques une des inspirations les plus intimes, mais aussi les plus belles de Beethoven.
 

© Caroline Doutre
 
Même si seize ans d’âge les séparent (le pianiste anglo-taïwanais est né en 1992), les deux solistes s’entendent à merveille et cette complicité transparaît lumineusement tout au long de leur intégrale. Nous avions quitté, il y a quelques mois, Kit Armstrong à l’issue d’un récital magistral marqué par la rigueur et l’élégance du toucher, deux de ses qualités principales. Nous l’avons retrouvé dans Beethoven, associant à ces qualités une certaine liberté d’interprétation qui procure à son jeu une dimension de séduction des plus intéressantes.
 Il s’empare des dix sonates avec une passion qu’aucun des traits de son visage ne laisse transparaître. Ce qui n’est pas pour déplaire à un Renaud Capuçon laissant libre cours à la sensualité et aux vibrations de son instrument. Le violoniste, qui avait enregistré ces mêmes pièces il y a une dizaine d’années avec Franck Braley, renouvelle son interprétation et propose une nouvelle lecture chargée de sens en compagnie de Kit Armstrong. Le dialogue entre les deux instruments est extraordinaire, au sens propre du terme, de virtuosité et d’émotions qui procurent de la chair à chacune des sonates. Une interprétation aux consonances mozartiennes pour les premiers opus, souvent joyeux et aériens, qui se poursuit en suivant l’évolution stylistique de Beethoven jusqu’à la profondeur quasi mystique, et chargée de sens, des dernières compositions avec la monumentale Sonate n°9 « à Kreutzer » et la n°10, de huit ans postérieure et en rupture avec tout ce qui a été écrit jusqu’alors.
 
Tout comme pour les sonates de Mozart, le duo Capuçon-Armstrong a beaucoup de choses à dire dans Beethoven. Et le public qui a eu le bonheur de l’entendre à  l’auditorium du Conservatoire Darius-Milhaud d’Aix-en-Provence, dans le cadre de la saison du Grand Théâtre de Provence, n’est pas près de l’oublier. Le violoniste « préféré des Français » et le jeune prodige californien ont prévu de donner à nouveau l’intégrale cette saison ; notamment à la MC2 de Grenoble en mars 2020. Ce sera avant l’ouverture du 8ème Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (du 4 au 19 avril prochains) où se produira Renaud Capuçon, son directeur artistique, notamment en compagnie de Martha Argerich pour interpréter, entre autres, la Sonate « à Kreutzer »…
 
Michel Egéa

Aix-en-Provence, 5 et 6 octobre 2019. L’intégrale des 10 sonates sera redonnée à Grenoble (MC2) les  24 et 25 mars 2010
Saison du Grand Théâtre de Provence : lestheatres.net
Saison de la MC2 : mc2grenoble.fr
Programme du 8ème Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : festivalpaques.com
 
Photo © Michel Egéa

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