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Reims - Compte-rendu - « Marionnettes en cantates »
Le violiste Jay Bernfeld et son Ensemble Fuoco e Cenere aiment à s’aventurer sur des territoires peu fréquentés et oser des expériences singulières. La preuve en est une fois de plus offerte avec « Je suis ton Labyrinthe ». Sous-titré « Marionnettes en cantates chez A. Scarlatti et F. Durante », ce spectacle de théâtre musical (conçu sur une idée originale de Xavier Carrère), explore les saisons de l’amour humain au fil d’une succession de cantates inédites de Scarlatti, entrecoupée de duos de Durante.
Du seul point de vue musical, l’amoureux de musique baroque italienne est déjà comblé, d’autant que, à tout seigneur tout honneur, il faut d’abord saluer ici la prestation de Guillemette Laurens et Isabelle Poulenard, en très belle forme vocale l’une et l’autre. Les deux interprètes distillent la musique, en parfaite osmose avec Bernfeld et ses instrumentistes, avec une poésie et un sens du mot qui permettent d’en goûter tout le suc.
« Marionnettes en cantates » ? Peu de choses en fait de ce que cet intitulé laisse imaginer d’un spectacle qui marque le début d’une collaboration entre le Grand Théâtre de Reims et l’Ecole National Supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières. Les chanteuses ne sont pas là pour prêter leur voix à des marionnettes que, dissimulés, des marionnettistes mettraient en action. Ceux-ci - David Lippe, par ailleurs metteur en scène du spectacle, et Philippe Rodriguez-Jorda - sont présents sur scène et offrent à la musique un contrepoint où les ombres chinoises, le théâtre d’objet occupent une place à la vérité plus importante que la marionnette, manipulée « à mains nue ». Une chanteuse peut d’ailleurs aussi à l’occasion se « marionnettiser » comme lorsque Lippe et Rodriguez guident les mouvements d’Isabelle Poulenard.
Donné sans entracte et d’une durée d’une heure et quart environ, le spectacle comporte de beaux moments, images fugitives accompagnant les mots - et les maux - de l’amour. Tel qu’on a pu le découvrir sur la scène rémoise, « Je suis ton Labyrinthe » manque cependant encore d’une fluidité qu’il devrait trouver au fil de ses diverses reprises d’ici au mois d’août prochain. Des réglages (un éclairage plus chaud et mystérieux peut-être) permettraient de surmonter la grande faiblesse du spectacle : son commencement lorsque, passé le prologue instrumental, les mouvements du tronc et des bras d’un statue, sous un éclairage fort laid, entourent Guillemette Laurens, magnifique de sensibilité dans la Cantate « Andate o miei sospiri ». Peut-être une évocation des soupirs allant au « cœur d’Irène », se dit-on après coup en se plongeant dans le texte de la cantate… Illisible en l’état, le résultat ne convainc guère et gêne considérablement l’accès à un spectacle qui, par la suite, réserve pourtant de jolies surprises - au fil des saisons de l’amour.
Alain Cochard
« Je suis ton Labyrinthe » -Grand Théâtre de Reims, le 12 décembre 2008, puis, dans le cadre d’une tournée Arcadi, le 30 janvier 2009 aux Lilas (Théâtre du Garde Chasse), le 8 mars à Paris (Salle Gaveau), le 15 mai à Franconville, le 7 août au Festival des Abbayes de Lorraine, le 27 août au Festival de Sablé.
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Photo : DR
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