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Pianistes de talent

Jérôme Granjon, Kotaro Fukuma (photo ci-contre), et Antonio Rosado en duo avec Akiko Ebi : si votre amour du piano n’a pas besoin du tintamarre médiatique pour s’exprimer, ces artistes vous réservent de belles surprises dans les jours qui viennent.

Passionné par la musique de chambre, Jérôme Granjon fait depuis trois ans équipe avec Saskia Lethiec et Guillaume Paoletti au sein de l’excellent Trio Hoboken. Il ne faudrait toutefois pas réduire l’activité de ce pianiste trop discret à cet aspect. Soutenu depuis des années par Maria João Pires, avec laquelle il a eu plusieurs fois l’occasion de se produire, Granjon excelle aussi en soliste. Puisque l’occasion de l’entendre dans ce contexte se présente, ne manquez pas le récital qu’il donne le 16 mars (20h30) à L’Archipel. Son programme réunit Debussy à celui qu’on a parfois désigné comme le « Debussy tchèque » : Janacek. Le 2ème Livre des Préludes de Claude de France voisine en effet avec le cycle Dans les brumes de l’auteur de Jenufa. Judicieuse association qui permettra à coup sûr à l’interprète de tirer idéalement parti de sa sonorité riche et lumineuse, d’une grande présence poétique. Entre ces deux ouvrages survient une incursion dans le romantisme allemand avec l’un des ses plus beaux opus : les Kreisleriana de Schumann.

L’Asie n’a pas fini de nous réserver de grandes surprises musicales ! C’est à l’occasion d’un concert « Jeunes talents » à l’Hôtel de Soubise l’an dernier que j’ai découvert Kotaro Fukuma. Né en 1982, cet artiste n’est pas un inconnu : le Concours de Cleveland lui a en effet décerné son Premier Prix en août 2003. Un rien grisé par ce succès, Fukuma a calmement terminé ses études au CNSM de Paris et les poursuit aujourd’hui à Berlin. Quand cet artiste pose les mains sur le clavier tous les poncifs et préjugés qui entourent souvent les musiciens asiatiques en France s’effondrent. Musicalité, sensualité, intelligence – maîtrise de samouraï et cœur de poète - : les Mozart, Brahms, Debussy, Ravel et Albeniz que le jeune artiste interprète le 18 mars (17h30) dans le cycle « Feux follets » à l’Hôtel de Soubise promettent un grand moment de piano.

Mais l’Asie nous a déjà réservé de grands bonheurs en piano (1). Akiko Ebi (photo ci-dessus) en fait partie et il ne faut jamais rater une occasion de goûter à l’art de cette artiste, trop discrète elle aussi. Ancienne élève d’Aldo Ciccolini au Conservatoire de Paris, elle y a eu pour condisciple le Portugais Antonio Rosado. C’est en sa compagnie qu’elle se produit à la Salle Gaveau le 23 mars (à 20h30) dans un programme haut en couleur, idéal pour ce duo au tempérament généreux : Danses symphoniques de Rachmaninoff, Variations sur un thème de Beethoven de Saint-Saëns, Scaramouche de Milhaud et – cerise sur le gâteau – la Suite Porgy and Bess de Percy Grainger sur des thèmes tirés de l’ouvrage de Gershwin.

Pour ne rien vous cacher, j’écrivais ces lignes tout en écoutant l’album Magda Tagliaferro qui vient de paraître chez EMI (2CD « Les Rarissimes », 35 1867 1). Précipitez-vous sur cette réédition : une pure merveille – et une pianiste à redécouvrir !

Alain Cochard

(1) A ce propos, quel somptueux Concerto pour piano n°2 de Bartok le coréen Kun Woo Paik nous a-t-il offert il y a peu avec l’Orchestre de Paris dirigé par P. Järvi !

Jérôme Granjon. 16 mars/ 20h 30. L’Archipel. Rés : 08 26 02 99 24.
Kotaro Fukuma. 18 mars / 17h30. Hôtel de Soubise. Rés. : 01 40 20 09 34
Akiko Ebi/Antonio Rosado. 23 mars/20h30. Salle Gaveau. 45, rue la Boétie/75008. Réservation

Photo : DR
 

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