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Philippe Jordan et l’Orchestre de l’Opéra National de Paris - Grand style – Compte-rendu

Soirée symphonique à l'Opéra Bastille : Philippe Jordan a choisi de rapprocher la Symphonie n° 2 de Bruckner et « La Grande » de Schubert. Un programme sans concession mais suprêmement intelligent où transparaissent les correspondances qui unissent les deux compositeurs. 

 
Rarement jouée, la Symphonie en ut mineur (1871-1872) de Bruckner participe davantage des grandes manœuvres qui déboucheront sur les cathédrales sonores des dernières années. Le geste large du chef, toujours soucieux du détail mais qui ne perd jamais de vue l’architecture, ne peut empêcher parfois un certain immobilisme (Adagio), mais quelle plastique sonore avec des coloris orchestraux à se pâmer dans cette « Symphonie de la Haute-Autriche » dense et quelque peu rugueuse ! Les musiciens ne masquent pas leur satisfaction d’être portés par une direction aussi empathique : les sourires échangés entre les seconds violons (Sylvie Sentenac et Christophe Guiot) se passent de commentaires sur la complicité avec le directeur musical.
 
Dans la Symphonie D. 944 de Schubert, Philippe Jordan construit son discours avec grandeur (Allegretto ma non troppo), sens des contrastes (Scherzo), puissance dynamique (Allegro vivace), sans trop se soucier de la tradition viennoise (Andante con moto). L’œuvre prend du coup une carrure que l’on retrouve chez Bruckner cinquante ans plus tard. Le public, enthousiaste, manifeste clairement sa satisfaction… en applaudissant entre chaque mouvement !

Encore deux concerts à venir pour l’Orchestre de l’Opéra de Paris : le 11 juin Philippe Jordan dirige un programme Wagner, Strauss (avec le baryton Simon Keenlyside) et Berlioz, avant de conclure la saison symphonique en beauté, le 16 juin, dans des pages de Bizet, Strauss (la scène finale de Capriccio par Anja Harteros) et Ravel.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Opéra Bastille, 16 mai 2014.
 
Photo ©Ronaldo

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