Journal

Philippe Jordan dirige l’Orchestre de l’Opéra - Le prix d’une erreur de casting - Compte-rendu

L’excès de moyens entraîne parfois des catastrophes inexplicables qui n’ont d’autre cause que la vanité. Ainsi de l’invitation par l’Opéra de Paris de Waltraud Meier pour chanter… Les Nuits d’été de Berlioz. Une erreur de casting qui aura eu au moins pour vertu de vérifier l’intelligence du public qui applaudit mollement afin de ne pas risquer le moindre bis. Sans même entrer dans la querelle des styles nationaux ou de l’instinct de la prosodie française, celle qui fut une immense Kundry et une Isolde mémorable n’a tout simplement plus le souffle pour rivaliser avec Régine Crespin ou Dame Janet Baker dans Berlioz.

Très « gendre parfait », Philippe Jordan est allé jusqu’à éteindre le son de l’orchestre pour ne pas risquer de couvrir la voix de sa diva… Si le souci de la galanterie était sauf, le malheureux Berlioz n’en menait pas large. Mais passons… Remarquons tout de même que la « Grande Boutique » aurait pu éviter de céder à la facilité du « vedettariat » en faisant appel à un gosier français pour ce type de répertoire, et pourquoi pas en « osant » exposer l’une des stagiaires de son Centre de formation lyrique… Mais ne rêvons pas !

On n’oubliera pas pour autant une soirée qui permit aux musiciens de l’Opéra et à leur jeune directeur musical de briller. Après un début tout de charme et de finesse avec le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy, le Sacre du printemps de Stravinsky assura le triomphe de l’orchestre qui ne s’en tira pas sans bis avec un Boléro de Ravel de derrière les fagots pour la plus grande joie du public.

Jacques Doucelin

Paris, Opéra Bastille, 23 mai 2012.

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Jacques Doucelin

> Programme détaillé et réservations de l'Opéra Bastille

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles