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Phi-Phi par Les Brigands et Johanny Bert à l’Athénée - Eblouissante drôlerie !


Qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente, ne ratez surtout pas Phi-Phi, opérette du tandem Christiné/Willemetz que Les Brigands interprètent sur la scène de l’Athénée jusqu’aux premiers jours de janvier ! Après l’humour plutôt gaulois du Temps des croisades de Claude Terrasse l’an dernier, c’est à une œuvre toute différente que la compagnie menée par Loïc Boissier s’attaque là. L’esprit des années folles pétille en effet déjà dans Phi-Phi, partition créée le 12 novembre 1918 qui s’inscrit parmi les grands triomphes de l’opérette de la première moitié du XXe siècle (en 1951 l’ouvrage totalisait plus de 40 000 représentations et avait été traduit en douze langues !).

On attendait avec curiosité la rencontre des « formes marionnettiques » de Johanny Bert et de la bonne humeur des Brigands ; on sort ébloui et heureux du spectacle sans doute le plus original jamais proposé par la compagnie. « Formes marionnettiques » ? L’expression paraît bien vilaine et pauvre confrontée à la débordante imagination, l’humour piquant et la drôlerie jamais inutilement appuyée du jeune metteur en scène.

Impossible de décrire l’incroyable précision, l’étourdissante virtuosité avec lesquelles ce Phi-Phi se déroule, sans aucun temps mort, partagé entre des airs pendant lesquels le ou les chanteurs occupent le devant de la scène et des dialogues où ils prêtent leur voix aux marionnettes. Désarticulables à volonté (que de loufoques mélanges et de suggestives cabrioles !), celles-ci sont actionnées sur scène par neuf comédiennes-chanteuses-manipulatrices – qui forment en outre un excellent chœur des modèles. Le parti pris, et le talent !, de Johanny Bert impriment un relief irrésistible à des dialogues gentiment coquins – pimentés de gags bien trouvés -, d’autant que les chanteurs de se prêtent au jeu de la « doublure » avec un plaisir évident.

Il n’est pas moindre dans les airs rondement ficelés du Sieur Christiné. Bien connus des habitués des Brigand, Gilles Bugeaud (Phi-Phi), Emmanuelle Goizé (Madame Phidias) et Olivier Hernandez (Ardimédon), en grande forme, font une fois plus honneur au genre qu’ils servent avec passion, tout comme Lara Neumann (Aspasie) et Antoine Sastre (Le Pirée), nouveaux venus chez Les Brigands mais déjà bien acclimatés à la sympathique compagnie.

Dans la fosse, Christophe Grapperon – qui prête par ailleurs excellemment sa voix à Périclès (un rôle parlé) – mène une dizaine de musiciens avec un punch formidable. Savoureuse et efficace, l’orchestration du Thibault Perrine contribue elle aussi à la parfaite réussite de la soirée. Un vrai délice ; faites-vous plaisir !

Alain Cochard

H. Christiné : Phi-Phi – Paris, Théâtre de l’Athénée, 17 décembre 2010, représentations jusqu’au 9 janvier 2011

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Photo : DR

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