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Paris - Compte-rendu - Shaï Wosner, un pianiste à suivre


Disciple d’Emmanuel Ax à la Julliard School, le pianiste israëlien Shaï Wosner qui se produisait pour la première fois à Paris dans la série de « concerts de Midi trente » au Musée d’Orsay, s’est déjà fait remarquer à l’étranger par des chefs tels que Conlon, Mehta, Slatkin, et a même été le partenaire en musique de chambre de Christian Teztlaff. Lauréat de nombreux concours, âgé de 26 ans, il a eu le privilège de jouer en concert avec le West-Eastern Divan Orchestra sous la direction de Barenboïm. Son programme, exigeant, associait 9 Préludes de Debussy extraits du Livre I, et le Carnaval de Schumann, c’est-à-dire deux esthétiques on ne peut plus opposées.

Grand et mince, les ressemblances avec Julius Katchen ne s’arrêtent pas à l’apparence physique. Son jeu, d’une grande maîtrise intellectuelle et digitale, allie la puissance à une définition très claire des plans sonores. Dans Debussy, il sait varier les registres, ne jamais hausser le ton, ordonner les sonorités (Danseuses de Delphes, Les Collines d’Anacapri). Parfois dans l’aigu du clavier, il ne percute pas assez précautionneusement la corde (Ce qu’a vu le vent d’ouest), sans doute emporté par son élan juvénile. Très à l’aise dans Carnaval de Schumann, il sait bien en rendre le caractère chorégraphique. Plus porté à la construction qu’à la sensibilité (Chopin, Aveu…), son engagement (Marche des Compagnons de David contre les Philistins), l’envolée de son geste pianistique (Papillons) comme la réflexion qu’il conduit tout au long de ce chapelet de miniatures porte incontestablement la marque d’un artiste déjà en pleine possession de grands moyens pianistiques.

Michel Le Naour

Paris, Auditorium du Musée d’Orsay, 10 mars 2009

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Photo : Marco Borggreve

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