Journal

Paris - Compte-rendu - Schoenberg triomphe


La Salle Pleyel est comble et le public acclame avec enthousiasme la pianiste Mitsuko Uchida (photo). Elle vient de jouer sous la direction de Pierre Boulez le Concerto pour piano de Schoenberg. Le seul fait qu’elle puisse ainsi triompher dans cette œuvre méconnue, peu jouée et mal comprise semble indiquer que l’heure est venue d’accepter, d’aimer Schoenberg avec une simplicité qu’on lui a trop souvent refusée. Comme le dit très justement Gérard Condé dans les notes de programme, « il faut d’abord se convaincre que ce concerto n’exige pas davantage d’explications que ceux de Brahms : chacun l’entend à sa façon, mais il se donne à tous tel qu’il est » . Sous les doigts de la pianiste japonaise, cette œuvre touffue, d’une extrême virtuosité, apparaît limpide. L’entente avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, d’une exceptionnelle vivacité sous la direction de Pierre Boulez, est parfaite et permet de suivre le déroulement d’une œuvre toute en variations. L’orchestre se fait l’écho multicolore du piano tout au long de quatre mouvements enchaînés qui présentent autant de tempéraments, jusqu’à un Giocoso dont la pianiste et le chef rendent bien toute la fantaisie.


Si Schoenberg est aujourd’hui autant apprécié, si ses œuvres entrent peu à peu dans le répertoire classique des orchestres, il le doit en partie à l’action de Pierre Boulez, son inlassable défenseur depuis plus de soixante ans. Sa lecture des œuvres du compositeur viennois a bien sûr évolué. Sa Nuit transfigurée assume son romantisme mais se refuse à tout débordement, à tout emportement. Dans cette œuvre de l’extrême fin du XIXe siècle, il met en avant l’incroyable diversité de traitement des cordes mais n’oublie pas le lyrisme, l’émotion qui naît des seuls contrastes de dynamique, de registres ou de tempo, avec pour seule limite un orchestre parfois un peu tendu.
Dans la démonstration d’orchestre que sont les Variations op 31, Pierre Boulez retrouve les jubilatoires jeux de timbre du Concerto pour piano. L’œuvre a beau être très didactique – à la fois leçon d’orchestration et traité d’écriture dodécaphonique – elle parvient sans peine à conquérir le public sous une direction à ce point enflammée.



Jean-Guillaume Lebrun




Paris, Salle Pleyel, samedi 20 février 2009


Réservez vos billets à la Salle Pleyel

Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles