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Paris - Compte-rendu - Messiaen à Notre-Dame

Pour célébrer le centenaire de la naissance d'Olivier Messiaen, Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris, que dirige Simon Cnockaert, a choisi de proposer quatre concerts aux programmes diversifiés, merveilleusement présentés par Mgr Jehan Revert – la voix de Notre-Dame. Consacré aux Trois petites liturgies de la Présence Divine (1943-1944) et à Et exspecto resurrectionem mortuorum, œuvre monumentale commandée par Malraux en 1964, celui du 21 octobre permit d'entendre non seulement la remarquable et trés polyvalente Maîtrise de la cathédrale mais aussi l'Orchestre du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, les jeunes musiciens s'étant révélés particulièrement impressionnants, d'une ferveur et d'une énergie dignes de l'étourdissante acoustique de ce lieu d'exception, suscitant de la part du public un accueil proprement triomphal.

Le deuxième concert (19 novembre) devait faire entendre le cycle pour orgue Les Corps glorieux (1939) par Philippe Lefebvre, l'un des trois titulaires du grand-orgue de Notre-Dame ; empêché, il fut remplacé dans le même programme par Yoann Tardivel Erchoff, premier prix du Xème Concours Xavier Darasse 2008 (cf. Festival Toulouse les Orgues). Si les pages les plus méditatives, qui imposent d'exalter et de sublimer la lenteur (sous la menace permanente de devenir longueur) et d'insuffler réellement vie et souplesse aux monodies répétitives, ont laissé deviner un manque de liberté encore bien compréhensible, les plus flamboyantes (Joie et clarté des Corps glorieux notamment) ont montré quel musicien était aux claviers. Une prise de contact des plus prometteuses.

Le troisième concert (25 novembre) a remis en mémoire l'intégrale de l'œuvre d'orgue de Messiaen donnée en récital à Notre-Dame par Olivier Latry (photo) début 2000, exploit alors réitéré à Londres et à New York en guise de préparation à son enregistrement à Notre-Dame – intégrale la plus cohérente que l'on puisse rêver, sur un instrument tout simplement idéal pour Messiaen. Pour le centenaire du compositeur, le choix d'Olivier Latry s'est porté sur son dernier cycle : Le Livre du Saint-Sacrement (1984), œuvre redoutable et colossale (18 pièces) et néanmoins parmi les plus poétiquement accessibles du maître de la Sainte-Trinité. Instrumentiste naturellement hors pair dont l'éblouissante virtuosité valut des moments sidérants de puissance (ainsi dans Les deux murailles d'eau), Latry s'est avant tout imposé par un souffle inouï et sans faille, qui seul permet d'enchaîner sans faiblir tant de pièces contrastées et multiples, accumulation de séquences – et d'innombrables chants d'oiseaux – qui ne demanderaient qu'à se morceler à l'infini. Plus que jamais, Latry en sa maturité s'affirme tel un interprète idéal de Messiaen – auquel il vient d'ailleurs de consacrer un ouvrage coécrit avec Loïc Maillé : L'Œuvre d'orgue d'Olivier Messiaen (Carus Verlag, Stuttgart).

Le cycle de Notre-Dame à peine refermé (concert du 2 décembre : Olivier Messiaen et le chant grégorien), Olivier Latry et Michel Bouvard, professeurs d'orgue au CNSM de Paris, proposent, en association avec le CNSM de Lyon et François Espinasse, une intégrale-marathon de l'œuvre d'orgue de Messiaen par les maîtres-élèves de leurs classes d'orgue, au Conservatoire de Paris / Cité de la Musique, les samedi 6 (de 11 h à 19h !) et dimanche 7 décembre (de 14 h à 18 h)†: on pourra notamment y retrouver Yoann Tardivel Erchoff dans des extraits des Corps glorieux mais surtout dans l'intégrale du très complexe Livre d'orgue.

Michel Roubinet

Notre-Dame de Paris, Hommage à Olivier Messiaen

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Photo : DR
 

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