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Paris - Compte-rendu : Lise de la Salle, un nom à retenir

André Furno a eu la main heureuse en inscrivant la jeune Lise de la Salle dans sa prestigieuse série de Piano quatre étoiles. Malgré ses dix sept printemps, son sourire timide de petite fille modèle, c’est déjà une pianiste au sens adulte du terme. « A 11 ans, lorsque je l’ai entendue pour la première fois, elle jouait déjà avec cette maturité », dit d’elle son ancien professeur de 3è cycle au Conservatoire de Paris, Geneviève Joy. C’est, en effet, cette belle assurance face au clavier qui a impressionné le nombreux public rassemblé salle Gaveau. Au-delà d’une impeccable tenue, ce qui frappe chez une si jeune artiste, c’est ce souverain équilibre entre le contrôle du discours musical et la sensibilité qui affleure dans une sonorité qui n’est que musique. Une technique impressionnante mais discrète lui permet de ne jamais frapper comme tant d’autres à son âge ! Elle n’a d’ailleurs aucun défaut de la jeunesse, mais, Dieu merci, de la fraîcheur à revendre.

Son programme très contrasté a permis d’en juger à loisir avec une première partie toute vouée à Mozart et une seconde à Prokofiev : deux compositeurs avec lesquels on ne triche pas. Certes, Lise de la Salle n’a aucun problème pour traduire l’acharnement de Wolfgang à séduire Paris avec ses fameuses Variations sur « Ah vous dirai-je maman ». Mais où elle surprend c’est par la profondeur exprimée dans le Rondo en la mineur K.511, tonalité qu’on n’avait plus entendue depuis la grande Sonate K.310, et où la pianiste semble improviser: cela s’appelle la grâce.
La 3ème Sonate, six pièces de Roméo et Juliette et la Toccata de Prokofiev finissent de nous persuader que le jeu de la pianiste n’a décidément rien de mièvre. Un nom à retenir et une artiste à suivre.

Jacques Doucelin

Salle Gaveau, mardi 7 mars 2006.

Photo : DR
 

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