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Paris - Compte-rendu - Leif Ove Adsnes défend le Concerto de Dalbavie
On sort rarement comblé d'une création. La faute en est généralement partagée entre le compositeur et ses interprètes... Tel ne fut pas le cas de la première audition française du Concerto pour piano de Marc-André Dalbavie (photo) porté très haut par son créateur à Londres en 2005, le magnifique pianiste norvégien Leif Ove Andsnes. Quel musicien ! Sans concessions outrancières ni à la modernité, ni à la tradition routinière, l'oeuvre s'impose d'abord comme un organisme vivant.
Les empoignades sont vives dans l'Allegro initial entre le soliste et l'Orchestre Philharmonique de Radio France mené par son patron Myung Whun Chung. Aux cordes, le soin de brosser des atmosphères plus poétiques au milieu d'intéressants dialogues entre le piano et les cuivres. L'Adagio ne faillit pas à sa vocation lyrique. On ne pouvait s'empêcher de songer à la chance qu'avait le compositeur français de bénéficier d'un tel interprète. Mais l'essentiel n'était-il pas qu'il ait su le mériter ?
En guise d'ouverture, le chef avait choisi la Suite pour orchestre tirée de Pelléas et Mélisande par le chef américain d'origine autrichienne Erich Leinsdorf. Les musiciens sont visiblement heureux de retrouver une musique où ils nagent comme des poissons dans l'eau. L'auditeur lui est partagé entre deux sentiments contradictoires : la joie d'entendre ce montage à partir des Interludes orchestraux du chef- d'oeuvre de Debussy et la frustration d'être privé du chant qu'ils appellent...
Après l'entracte, ce programme de musique française s'est poursuivi avec la Symphonie Fantastique de Berlioz. Si le public a paru apprécier, nous avons regretté, pour notre part, l'absence de cohésion entre les cinq mouvements, qui seule peut soutenir la dramaturgie de l'ensemble. Comme la 9e Symphonie de Beethoven, l’ouvrage de Berlioz repose sur une progression qui doit être savamment entretenue : impossible de considérer chaque partie comme un panneau de mosaïque indépendant ! Manquait la conception d'ensemble, ce grand arc de l'enthousiasme, au sens grec du terme, que Charles Munch savait tendre.
Jacques Doucelin
Salle Pleyel, 27 mars 2009 (concert diffusé en direct sur France Musique)
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Photo : DR
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