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Paris - Compte-rendu - Le Schumann désarçonnant de Sir Simon Rattle


La saison dernière, avec l’Orchestre de l’Âge des Lumières, Simon Rattle avait déçu dans une interprétation assez terne du Paradis et la Péri de Schumann. Sa conception des Symphonies n°3 « Rhénane » et n°4 (dans la version de 1841) n’enthousiasme pas davantage.

En début de concert, l’Ouverture Les Francs-Juges, op 3 / (1826) de Berlioz a pourtant, sous sa baguette, fière allure. Les musiciens de L’Orchestre de l’Âge des Lumières y font preuve de clarté et d’une sonorité franche qui sied particulièrement bien au bouillant Hector. Avec la Symphonie n°4 en ré mineur de Schumann, l’impression est tout autre. La volonté de « dégraisser » l’orchestration, de retrouver une manière de jouer Schumann « à l’ancienne » n’est pas sans nuire à la sensualité, à la fébrilité, à la tension si présente tout au long de l’œuvre. Il n’est que d’écouter la transition du final entre les seize mesures de l’Andante et le Vivace qui suit pour comprendre tout ce qui sépare cette progression peu inspirée de celle, au disque, de Furtwängler, de Sawallisch, de Bernstein, voire de Gardiner (pourtant lui aussi adepte des instruments d’époque).

Avec la Symphonie « Rhénane » en seconde partie, « les promesses du Rhin » paraissent se perdre dans une sécheresse de ton où l’insistance percussive (à la baroque ?) ôte tout élan et toute sève à cette musique si ancrée dans la religiosité germanique et dans le panthéisme romantique. Certes, Rattle est capable sinon de nous émouvoir, du moins de trouver dans le Scherzo une fluidité convaincante. Cela ne suffit pas cependant, quelle que soit la qualité d’ensemble de l’orchestre, à nous faire vibrer au diapason si ondoyant et divers de l’univers schumannien.




Michel Le Naour



Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 22 décembre 2008


> Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR

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