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Paris - Compte-rendu : Le National sur les chapeaux de roues

Brillant début d’année 2008 pour l’Orchestre National de France placé sous la baguette aussi nerveuse que précise du jeune Britannique Daniel Harding. Ses musiciens se sont, en effet, montrés sous leur meilleur jour dans un programme particulièrement vétilleux. Celui-ci s’ouvrait ainsi sur une œuvre rare de Dvorak, Le Rouet d’or, donné ici dans son intégralité. Ce poème symphonique est souvent amputé au concert, ce que l’on peut comprendre s’agissant d’une pièce essentiellement descriptive dont les sucreries peuvent paraître longuettes.

Un esprit malveillant ne manquerait d’ailleurs peut-être pas de remarquer que Dvorak y préfigure, en toute innocence et avec un demi-siècle d’avance, la musique hollywoodienne l’année même où les frères Lumière inventent le cinématographe, c'est-à-dire en 1896 ! Tout doré qu’il soit, le rouet tourne rond environné d’un festival de timbres orchestraux illustrant des rois comme des chevaux au galop Tous les pupitres sont à l’honneur et sur le pont.

Ils y restent après l’entracte pour un Premier Concerto pour piano de Brahms héroïque et symphonique à souhait. Mais avec le pianiste anglais Stephen Hough, ils ont à qui parler et avec qui chanter dans les passages les plus lyriques qui ne manquent pas dans ce chef-d’œuvre absolu. Le mouvement lent lancé par le piano seul est exemplaire de ce point de vue, les doigts du soliste phrasant le thème comme du bel canto. Ce qui ne l’empêche pas de tenir crânement tête aux quatre cors et aux cataractes orchestrales quand il le faut. Une exécution vivante qui nous change de la sonorité millimétrée des faiseurs de disques.

Jacques Doucelin

Théâtre des Champs-Elysées, le 10 janvier 2007

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