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Paris - Compte-rendu - Lady Damrau faite pour Mozart


Il y a tout juste un an, la soprano Diana Damrau avait enchanté le public parisien en donnant son premier concert au TCE : sa seconde prestation n’a fait que conforter nos impressions initiales. En pleine promotion de son nouvel album (« Mozart Donna » chez Virgin), la jeune cantatrice a confirmé un talent qui en dit long sur ses capacités.

Joliment accompagnée par Jérémie Rhorer à la tête du subtil Cercle de l’Harmonie (belle 29ème symphonie donnée en intégralité en fin de programme), Diana Damrau s’est montrée particulièrement experte. Après un magnifique air de Konstanze « Ach ich liebte » extrait de L’enlèvement au sérail, brillamment exécuté, avec ce qu’il faut de trouble, de mélancolie et d’engagement virtuose, la cantatrice a su trouver le ton approprié à la délicieuse Rosina de La finta semplice, avec un « Senti l’eco ove t’aggiri » plein de charme et de naturel. Changeant d’étole pour chaque héroïne, Diana Damrau avait adopté le blanc pour incarner la Zerlina de Don Giovanni et son « Batti, batti » aux couleurs chatoyantes.

En choisissant de brusquer le tempo au risque d’aller contre la respiration naturellement retenue du « Non mi dir » de Donna Anna, le chef n’a pas su profiter de la ligne mozartienne de la chanteuse, contrainte à l’accélération, là où l’on attend au cours du rondo-larghetto de la partie médiane, un recueillement, un étirement, avant l’envolée de l’allegretto.

Chanté avec une facilité extrême, l’air d’Aspasia « Al destin che la minaccia » de Mitridate, a mis le public en transe, Damrau ayant jeté son dévolu sur cet aria di bravura avec un conquérant appétit : seul petit bémol, la stretta finale un peu plate après pareil déferlement de vocalises et d’écarts sur toute la tessiture ; l’imagination d’une Patrizia Ciofi, ou d’une Sandrine Piau lui a manqué. « Traurigkeit », second air de Konstanze, abordé avec la séduction et la conviction demandées, formait un trait d’union parfait avant l’exemplaire « O zittre nicht » de la Reine de la nuit, fer de lance de cette voix puissante et dense de colorature, qui a su gagner en ampleur sans rien perdre de son agilité et de son mordant.

Applaudissement nourris, suivis par trois bis : « Ach ich fühl’s’ de Pamina, archet à la corde et sanglots dans la voix, « S’altro che lagrime » de la charmante Servilia (La Clemenza di Tito), puis comme les grandes sopranos auxquelles elle aspire, le « Dove sono », sublime et douloureux moment de réflexion vécu par la Comtesse des Noces de Figaro, interprété avec un bel aplomb et une rigoureuse méticulosité vocale, sur cette scène du TCE où elle campait une lumineuse Susanna le 25 mars 2008.

François Lesueur

Théâtre des Champs-Elysées, le 21 mars 2009 Concert.

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Photo : DR

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