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Paris - Compte-rendu : Julia Fischer à Mogador, la grâce pure

Invitée de l'Orchestre de Paris et de Christoph Eschenbach dans le cadre du Festival Brahms, Julia Fischer entamait avec ce concert une longue tournée française qui ne s'achèvera qu'en mai à Strasbourg. On envie tout ceux à qui il reste encore l'impatience et le bonheur d'aller découvrir en concert la jeune violoniste allemande…

Quel contraste entre cette interprète inspirée et certaines demoiselles que le battage médiatique a tenté de faire passer… ce qu'elles ne sont pas ! Passons… L'avenir se trouve ici, sous l'archet d'une artiste d'un peu plus de vingt-deux ans ! Virtuose, Julia Fischer l'est certes au plus haut point et la partition redoutable de Brahms lui donne l'occasion de le prouver. Pourtant ce n'est jamais sous le signe de la performance, de l'exploit technique que se situe son propos. On reste proprement émerveillé devant le naturel et l'évidence poétique qui caractérisent son interprétation du Concerto en ré majeur. Tout en nuance, en finesse, sa conception très chambriste est servie par une sonorité riche, dont le "grain" contraste salutairement avec l'impersonnalité d'un certain violon façon "concours international". Inutile de se répandre en littérature, ce que Julia Fischer nous offre à un nom très simple : la grâce pure. Trois bis (Paganini, Hindemith, Bach) tout aussi habités concluent la première partie…<

Mais l'événement est aussi du côté du pupitre. Partenaire attentif d'une interprète qu'il a été parmi les premiers à remarquer et à faire jouer, Christoph Eschenbach dirige par la suite une 4ème Symphonie de Brahms qui fait honneur aux instrumentistes de l'Orchestre de Paris et à leur directeur musical. De parfaits choix de tempo permettent à ce dernier de libérer toute la puissance et la sève de la partition sans céder à aucun hiératisme. Mais on est aussi frappé par la lisibilité, le foisonnement du détail que le maestro obtient conjointement d'un orchestre auquel une rare complicité l'unit. Quatuor à cordes stupéfiant d'homogénéité, vents plus fruités que jamais : somptueuse conclusion à ce qui s'inscrit parmi les très grandes soirées symphoniques de la saison.

Alain Cochard

Théâtre Mogador, le 16 février.

Prochain concerts de l’Orchestre de Paris

Photo: DR
 

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