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Paris - Compte-rendu : De la musique avant toute chose


Pour le second concert Brahms-Bartók de Daniel Gatti avec l’Orchestre National, la présence du pianiste hongrois Deszö Ranki (photo) a constitué un moment exceptionnel. L’humilité de cet artiste pourrait occulter son talent. Moins célèbre que Zoltán Kocsis – dont pourtant il fut longtemps le partenaire musical – il n’a rien à lui envier. Dans le Concerto pour piano et orchestre n°2 de Bartók, Ranki fait constamment preuve de lisibilité, de clarté et de souplesse (y compris dans le final) ; elles consolent des cataclysmes percussifs auxquels on est souvent condamné dans cette oeuvre. Véritable élégie nocturne, le mouvement lent offre une féerie de couleurs et de nuances qui laisse sans voix. La Csardas obstinée de Liszt donnée en bis témoigne de la même musicalité sans effets ni compromis.

En seconde partie, la Symphonie n°2 en ré majeur op 73 de Brahms possède, sous la baguette de Gatti, une belle tenue par la recherche de la ligne et la volonté de cohérence qui culminent dans la coda conclusive. Volontiers sombre, cette conception au tempo large rend justice au Brahms des brumes nordiques plutôt qu’à celui des aspirations méditerranéennes. L’Orchestre National, sous cette direction engagée, répond avec bonheur et les cordes prennent même une dimension que l’on attribue généralement aux phalanges germaniques. L’Ouverture pour une fête académique qui ouvrait le concert paraît plus sérieuse que ludique ou parodique, mais correspond bien aux intentions mises en avant par le chef.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 23 octobre 2008

Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR

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