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Paavo Järvi et Lars Vogt à l’Orchestre de Paris –Urgence brucknerienne

Paavo Järvi a de la suite dans les idées. Après une Neuvième de Schubert lors d'un précédent concert de l’Orchestre de Paris, la Cinquième Symphonie de Bruckner inscrite à ce programme en prolonge dans une certaine mesure la monumentalité et la réflexion menée sur le temps musical.
 
Pas de spiritualité et encore moins de lyrisme appuyé dans cette lecture vive, allante (Adagio) qui, sans perdre de vue l’architecture globale et les piliers de la cathédrale gothique, s’attache plus précisément à dégager les couleurs de cette œuvre complexe, voire austère. Aidé par la qualité des bois et des cuivres colorés de sa formation, Järvi construit une interprétation tendue et débarrassée de toute surcharge : après un Scherzo roboratif, le final, structuré (la double fugue), culmine dans une coda qui investit le vaisseau de la Philharmonie. Si la méditation reste au bord du chemin, la maîtrise de la direction, son élan de pur sang emportent l’adhésion. Il faut bien sûr faire table rase de la grande tradition germanique et de ses célestes longueurs servies par Jochum, Celibidache et autre Wand, mais l’urgence du propos capte sans cesse l’attention.
 
En première partie, le 24ème Concerto de Mozart sous les doigts de Lars Vogt ne dégage guère d’émotion. Vision probe, qui ne s’élève jamais sur les hauteurs malgré un accompagnement attentif et soigné (la petite harmonie en effervescence). En bis, la célèbre Valse de l’Opus 39 de Brahms offre, l’espace d’un instant, un bref moment de détente avant les déflagrations brucknériennes à venir.
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie 1, 28 janvier 2016

Photo © Frédéric Desaphi - Orchestre de Paris

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