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​Paavo Järvi dirige Nielsen, Sibelius et Tchaïkovski à l’Orchestre de Paris – Profondeur et lumière

Heureuse idée d’avoir débuté ce concert par le Concerto pour clarinette de Carl Nielsen (qui fait suite à celui pour flûte, admirablement servi par Vincent Lucas il y a quelques semaines) et la Symphonie n° 4 de Sibelius, moins fréquentés que le Concerto pour violon de Tchaïkovski joué après l’entracte par Joshua Bell. La saison de l’Orchestre de Paris offre là, une fois de plus, un exemple de ces programmes originaux et variés dont le public se fait l’écho.
 
Philippe Berrod (clarinette co-soliste de l’Orchestre) interprète l’Opus 57(1928) du compositeur danois avec une jubilation immédiatement perceptible, donnant à l’œuvre toute sa vivacité virtuose et sa générosité au cours de quatre mouvements enchaînés aux atmosphères ondoyantes. Le bis (un extrait de musique klezmer pour clarinette seule) possède une vitalité et une joie de vivre visiblement partagées par un instrumentiste en lévitation. Accompagnateur attentif et précis, Paavo Järvi (photo) se meut ensuite avec bonheur dans les effluves nordiques de la Symphonie en la mineur de Sibelius dont il restitue toute l’âpreté, livrant une lecture sans aucun pathos où l’on entend, derrière la rigueur de la vision, une belle transparence orchestrale totalement incarnée.
 
Lumineuse, la conception du Concerto de Tchaïkovski par Joshua Bell – en dépit de la sonorité suave et de la technique irréprochable du soliste – manque de tension. L’interprète survole avec aisance et élégance une partition qui, malgré son caractère méditerranéen (Canzonetta), reste ancrée fondamentalement dans la nature slave.
Le chef tente, dans les tutti, de redonner de l’énergie et de l’éclat avec une certaine robustesse, mais l’ensemble demeure superficiel en comparaison d’une première partie de concert passionnante. 
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie 1, 31 mars 2016

photo © Ixi Chen

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