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Oedipe d’Enesco à la Monnaie de Bruxelles - Oeuvre ouverte



Les grandes maisons d’opéra finissent par y venir : l’Oedipe d’Enesco trouve progressivement sa place au répertoire, et pourtant les attraits scéniques de l’œuvre ne sont guère patents. Comme tout ce qui fut écrit de près ou de loin pour le Palais Garnier l’ouvrage d’Enesco pêche par excès « d’oratorisme ». En dehors de la scène des énigmes de la Sphinge, l’action n’y est guère prenante. Il lui faut donc des chanteurs subtils qui puissent guider les spectateurs dans les tourments intimes des personnages, et d’abord dans ceux d’Oedipe.

La Monnaie partage le rôle-titre entre Dietrich Henschel, dont on attend beaucoup – mais a-t-il le creusement des graves qu’exige Enesco ? - et Andrew Schroeder (photo) qu’on sait magnifique dans cette composition.

Maire-Nicole Lemieux alterne sa Sphinge mystérieuse avec celle probablement plus dramatique de Natascha Petrinsky, et Jan-Hendrik Rootering sera, de stature et de voix, un Tirésias qu’on imagine parfait. Leo Hussain aura fort à faire avec les complexités métriques et la subtilité des couleurs d’un orchestre qu’Enesco divise jusqu’à l’incompréhensible mais où vit la vraie poésie de l’œuvre. Car si Oedipe est très peu un opéra, c’est d’abord un poème, un long monologue lyrique, dont Alex Ollé et La Fura del Baus devraient trouver l’équivalent visuel. L’œuvre est ouverte, et chaque mesure de cette partition appelle l’image.




Jean-Charles Hoffelé



George Enesco : Oedipe

Bruxelles - La Monnaie

Les 22, 23, 25, 26, 28, 29 octobre, les 1, 2, 4 et 6 novembre 2011

www.lamonnaie.be


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Photo : DR

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