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« Nouvel An à la française » par François-Xavier Roth et Les Siècles à la Philharmonie – La valse des raretés – Compte-rendu

 

Clin d’œil au fameux concert du Nouvel An de Vienne, le « Nouvel An à la française » que François-Xavier Roth (photo) et ses Siècles ont offert au public de la Philharmonie était proposé à l’initiative du Palazzetto Bru Zane. Nouvel An à la française ? Il eût été facile de réunir force pièces célèbres (Valse de Faust, ouvertures d’Offenbach, etc.), il n’en a rien été et, hormis le Prélude de l’acte III de Carmen, l’Adagietto de L’Arlésienne, la Valse lente de Coppélia et Les Patineurs, le concert aura montré un « pbzissime »  goût de la rareté.
 
Isaac Strauss, "Le Strauss de Paris" (1806-1888) © DR
 
Le souvenir des bals du Second Empire guide le choix d’une partie des morceaux, tels que la Ouistiti-Polka de Philippe Musard (1), la Hébé-Polka et le Quadrille sur Orphée d’Isaac Strauss, tous enlevés avec un plaisir contagieux. Le programme ne se limite pas toutefois aux années Napoléon III (auxquelles se rattachent aussi Les Troyennes du Faust de Gounod et l’ouverture de Raymond ou le Secret de la reine d’A. Thomas) et embrasse une période très large jusqu’à la tendre valse L’Amour s’éveille de Jeanne Danglas dans son édition de 1911.
 
Philippe Musard (par Dantan) © Paris Musées / Musée Carnavalet

D’une manière aussi preste et enjouée qu’attentive aux timbres, Roth et les instrumentistes des Siècles (les vents, souvent à la fête, ne cachent pas leur plaisir !) font leurs délices de la Valse des âmes infidèles de Dubois, d’Espagnoles et Séguédille d’Hervé – deux numéros de la suite Paris Exhibition dans laquelle le « compositeur toqué », installé à Londres, évoque l’Exposition universelle de 1889 –, de la Valse tirée du ballet Le Forgeron de Gretna-Green de Guiraud. Issues d’opéras, la Valse caractéristique du Chevalier Jean de Joncières ou celle du Timbre d’argent de Saint-Saëns sont menées avec autant de chic et de souriante simplicité.
Des compositions plus apaisées (Prélude de l’acte III de Carmen, Aux étoiles de Duparc, Adagietto de L'Arlésienne) ponctuent le programme d’espaces poétiques qui s’épanouissent avec un merveilleux sens des timbres sous la baguette de Roth.
Très nombreux, le public est gratifié in fine de deux bis : la Valse du mal de mer d’Hervé, et la polka Bella Bocca de Waldteufel, que les claquements de mains l’auditoire transforment en une Marche de Radetzky ... à la française !
Une pleine réussite : on recommence en 2023 ?
 
Alain Cochard

(1) Philippe Musard ( 1792-1859), personnage évoqué par Théophile Gautier dans le n°57 de nos Archives du Siècle Romantique : bit.ly/3qfwPwt
 
2 janvier 2022, Paris, Philharmonie
 
Photo © Marc Allen
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