Journal
Nikolaï Lugansky et Esa-Pekka Salonen au TCE - Bartók entre feu et glace - Compte-rendu
Achevant son cycle Béla Bartók au TCE avec l’Orchestre Philharmonia, Esa-Pekka Salonen a choisi un programme dense avec la Suite d’orchestre op 13 tirée du ballet Le Prince de bois, le Concerto pour piano et orchestre n°3 (avec en soliste Nikolaï Lugansky), et le Concerto pour orchestre : trois œuvres majeures du compositeur hongrois.
On est frappé d’entrée de jeu par la rutilance, le chatoiement orchestral et le dynamisme de l’exécution de la Suite op 13. La virtuosité des instrumentistes, leur sens des couleurs sont exacerbés par la direction fauve, violente et tendue du chef finlandais. Dans le Concerto n°3 pour piano (la dernière œuvre de Bartók restée inachevée dont les dernières mesures ont été complétées par le fidèle Tibor Serly), la raideur incisive et la force de frappe de Nicolaï Lugansky donnent peu de chair et de sensualité à une partition qui possède pourtant une véritable dimension poétique. Le final est mené tambour battant mais paraît plus véloce que réellement intégré à l’ensemble. Le Concerto pour orchestre pâtit aussi d’une direction qui néglige le grand arc au détriment de moments juxtaposés oublieux de la nostalgie du pays natal (Elegia : Andante non troppo). Le Presto conclusif, malgré son caractère brillant, demeure extérieur, fouetté par une baguette impulsive et rigoureuse qui met parfois à mal la cohésion du Philharmonia aux limites de ses possibilités techniques pourtant immenses. Le bis (Galop de la Suite n°2 pour petit orchestre de Stravinski) détend l’atmosphère par son côté ludique et humoristique tout en demeurant dans un esprit objectif.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 25 juin 2012
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Photo : Katja Tähjä
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