Journal

Nanterre - Compte-rendu : L’Ormindo de Cavalli : Féérie et fausse modernité

Composé dans la foulée du dernier opéra de Monteverdi, Le Couronnement de Poppée, L’Ormindo de son élève Francesco Cavalli marque en 1644 un changement de ton et l’avènement du comique dans le tout nouveau genre lyrique. Christian Gangneron ne s’y était pas trompé en choisissant L’Ormindo pour porter l’ARCAL sur les fonds baptismaux, il y a vingt trois ans, avec dans le rôle-titre l’un de nos premiers contre-ténors, Henri Ledroit auquel est dédiée cette nouvelle production. L’ARCAL a donc remis l’ouvrage sur le métier dans une mise en scène de Dan Jemmett pour une tournée d’une quinzaine de soirées, commencée à la Maison de la musique de Nanterre pour s’achever à Troyes le 15 mai.

La roue tourne et à l’inverse des scénographies archéologiques d’antan, voici une présentation affichant crânement tous les tics technologiques d’aujourd’hui. Ainsi les deux amants rivaux reconnaissent-ils leur amour commun sur leurs portables… Le clin d’œil peut amuser. En revanche, habiller les deux princes en maçons d’aujourd’hui occupés à restaurer un phare n’apporte rien à la compréhension des rapports sociaux qui sous-tendent l’histoire. Contrairement à ce que certains imaginent, banaliser à outrance l’action en la plongeant dans le monde le plus trivial et le plus actuel ne rapproche nullement les chefs-d’œuvre du passé des spectateurs d’aujourd’hui : il y a belle lurette que la télé-réalité a tué le rêve ! La fantaisie et le songe reprennent heureusement leurs droits avec l’irruption de la magie. La distribution est équilibrée malgré le manque de projection du contre-ténor Thierry Grégoire en Ormindo. Tout le monde chante correctement et joue bien : le spectacle devrait bien évoluer. Conduits par Jérôme Correas, la huitaine de Paladins affichent une placidité qui frise le manque de tonus : cela aussi peut s’arranger au fil des représentations.

Jacques Doucelin

L’Ormindo de Cavalli, Nanterre, Maison de la Musique, les 9 et 10 mars, puis en tournée : Quimper (Théâtre de Cornouailles : 20 mars), Maisons-Alfort (Théâtre Claude Debussy : 24 mars), Rennes (Opéra : 27, 28, 29 mars), Orléans (Carré Saint Vincent : 5 avril), Charleville (Théâtre : 12 avril), Massy (Opéra : 27 avril), Paris (Théâtre Silvia Monfort : 3, 4, 5 mai), Reims (Grand Théâtre : 12, 13 mai), Troyes (Théâtre de la Madeleine : 15 mai)

arcalyrique@wanadoo.fr
www.arcal-lyrique.fr
Tél : 01 43 72 66 66
Vous souhaitez réagir à cet article

Les autres compte-rendu de Jacques Doucelin

Photo : S. Astèque
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles