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Mignon chez elle - Ambroise Thomas à l’affiche du Comique

On l’a déjà dit ici même, le temps d’Ambroise Thomas est venu. Non qu’on en soit déjà à monter La Cour de Célimène ou Le Roman d’Elvire, mais du moins les deux ouvrages déduis de grandes inspirations littéraires, Hamlet et Mignon, retrouvent systématiquement le chemin des théâtres lyriques. Et c’est justice.

C’est cette fois-ci Mignon, qui, après avoir triomphé en province (et en particulier à Toulouse qui en proposa une exemplaire production), investit la Salle Favart, qu’elle n’aurait d’ailleurs jamais dû quitter : c’est là qu’elle fut créée le 17 novembre 1866 et qu’elle éprouva une fortune constante. En une saison elle y connut plus de 100 représentations, et resta à l’affiche du théâtre jusqu’en 1955, en dépassant la 2000ème !!!!

On sait que Thomas fit tout d’abord mourir Mignon, respectant Goethe et l’effet de symétrie qu’il voulait créer avec Werther. Mais cette mort déconcerta le public et le compositeur ressuscita son héroïne. La musique en est de bout en bout prenante, n’en déplaise aux oreilles sévères, et son théâtre des sentiments reste diablement efficace.

Belle distribution : on attend en particulier le Wilhelm Meister d’Ismael Jordi (photo) dans un emploi marqué voici peu par Jonas Kaufmann ou Yan Beuron, et l’on est curieux de la Mignon de Marie Lenormand précédée d’une réputation flatteuse ; gageons que la mise en scène de Jean-Louis Benoit et les décors de Laurent Peduzzi respecteront le style de l’ouvrage.

Petite révolution annoncée, on remonte (encore !) la fosse et on dispose l’orchestre face à la scène, comme c’était d’usage aux Italiens au XIXe siècle et aussi souvent à Favart. C’est l’Orchestre Philharmonique de Radio France et François-Xavier Roth qui l’osent dans un théâtre devenu épouvantablement sonore depuis le règne sans partage qu’y exerça Alain Lombard. On verra bien, où plutôt, on entendra.

A ne pas négliger enfin, une série de « Rumeurs » où l’on trouve entre autres de la musique de chambre de Félicien David par Christophe Coin, le Quatuor Mosaïques et des membres de l’Ensemble Baroque de Limoges (14, 15, 16 et 18 avril).

Jean-Charles Hoffelé

Ambroise Thomas : Mignon - Paris, Opéra Comique, les 10, 12, 14, 16 et 18 avril 2010

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Photo : DR
 

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