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Michael Pletnev dirige l’Orchestre National de Russie – Au pied levé ! – Compte-rendu

On attendait Guennadi Rojdestvensky (85 ans) à la tête l’Orchestre National de Russie à la Philharmonie. Las !, le légendaire maestro a dû déclarer forfait au dernier moment et c’est Michael Pletnev (photo), soliste de la soirée (et par ailleurs directeur musical de la phalange) qui l'a remplacé au pied levé dans un programme exigeant.
 
Musicien d’exception, Pletnev se montre d’emblée à la hauteur de l’enjeu. La Symphonie classique de Prokofiev, si difficile à mettre en place, ne connaît aucune précipitation tout en conservant un caractère chorégraphique que servent avec nuance des instrumentistes très concentrés compte tenu des circonstances.
Alexeï Bruni (premier violon de l’OSR) accompagne le pianiste dans le rare Concerto en fa dièse mineur op. 20 de Scriabine – œuvre de jeunesse (1898) pétrie de lyrisme –, tâche qu’il assume avec conscience mais de manière plutôt sommaire. En revanche, le jeu noble et profond de Pletnev subjugue par son autorité et sa liberté, qualités qu’en tant que chef il met ensuite au service de la Symphonie n° 9 de Chostakovitch.
Sa baguette précise sait dégager toute l’implacabilité rythmique et l’angoisse sous-jacente (Moderato) de la partition par un art consommé des enchaînements. Bois, cuivres et cordes brillent de tous leurs feux sous une direction expressive qui parvient à suggérer le second degré d’une partition iconoclaste aux yeux d’un régime soviétique en quête d’héroïsme. Le public, venu nombreux, marque son enthousiasme face à cette démonstration orchestrale de premier plan.
 
Michel Le Naour

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 Paris, Philharmonie I, Salle Pierre Boulez, 28 novembre 2016

Photo Michael Pletnev © DR / Septembre musical Montreux-Vevey

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