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Metz - Compte-rendu : Embarquement pour Naxos


La conception scénique de Mireille Laroche pour l’Ariadne auf Naxos donnée à l’Opéra-Théâtre de Metz en clôture de la saison (une coproduction avec l’Opéra de Toulon) fournit un bel exemple d’efficacité au service du texte et de la musique. Une grande salle de réception des années cinquante, ouverte sur un immense parc, agrémentée d’une mezzanine formée de petites alcôves où les comédiens pourront se préparer. Quelques colonnes et statues grecques disséminées côté cour, complétées par un drapé rouge suffisent à situer l’île de Naxos.

Quelques jolies idées viendront agrémenter cette réalisation : présence des invités pendant l’action de l’opéra, Zerbinette séduit Le compositeur pendant son air, les acteurs de l’opéra qui se congratulent sur les dernières mesures d’orchestre et viennent recevoir leur cachet des mains de Majordome sur fond de feu d’artifice tiré dans le jardin.

La distribution est dominée par l’Ariane de Nancy Weissbach (remplaçante d’Isabelle Vernet, souffrante) : plastique de diva, voix ample et généreuse, aigus tranchants, les graves d’ «Es gibt en Reich » plongeant avec une profondeur naturelle. La chanteuse différencie, grâce à une large palette de couleurs, la diva du Prologue de la femme abandonnée. Une grande et belle Ariane.

Prise de rôle à risque pour Isabelle Philippe (Zerbinette) (photo), soprano léger au médium corsé, qui chante son air avec une science exacte de la ligne straussienne Mais pourquoi, alors que tous les aigus sont exécutés avec assurance, le contre-mi final est-il pris par-dessous, ce qui entache un air par ailleurs admirablement chanté.

Si Delphine Haidan possède l’androgynie troublante du Compositeur, son mezzo manque de cette luminosité qui fit les grandes titulaires du rôle.

Daniel Galvez-Vallejo campe un Bacchus bien chantant aux aigus assurés, mais son émission couverte dès le médium, ne lui permet pas de rendre le côté solaire du personnage.
Majordome au « bien dire » de Vincent Adelus qui a l’intelligence de ne pas plomber son texte et donne une grande fluidité à tout le Prologue.

Julien Neyer, Christophe Mortagne, Jean-Loup Pagesy et Mathias Vidal respectivement Arlequin, Scaramouche, Truffaldin et Brighella, viennent compléter une distribution où la moindre silhouette est mise en valeur – belles Dryade et Naïade de Christine Labadens et de Laure Delcampe, Echo à la voix chatoyante de Kareen Durand.

Direction fine et pleine de contrastes de Jacques Mercier qui souligne les divers climats d’une partition sur laquelle bien des chefs, et non des moindres, se sont cassés les dents.

Bernard Niedda

Opéra-Théâtre de Metz, le 1er juin 2007

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Photo : DR

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