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Médée de Charpentier au TCE - Médée ? - Compte-rendu
Dieu sait si on avait placé des espoirs en cette Médée. Mais las ! Décors moches, lumières itou, tout le monde en costume de ville moderne et Médée en péripatéticienne – inusable, inévitable surtout – perruque comprise, voila tout ce qu’avaient Pierre Audi et ses comparses en magasin pour la fragile tragédie lyrique de Charpentier.
Inutile de dire que le Prologue et les deux premiers actes, ainsi remâchés, ennuient ferme : les rangs clairsemés du théâtre après l’entracte l’attestent. Interminable, et en plus tièdement chanté, sinon par un stentorien Laurent Naouri (Créon) et une subtile Sophie Karthäuser ( Créuse), l’œuvre ne prend pas, d’autant que l’assez beau Concert d’Astrée suit sa maîtresse, toujours raide et peu précise, sans couleur surtout, pleine d’intention mais sans effet. On est à la première, cela s’arrangera.
Evidemment, les choses s’améliorent ensuite : le III est inratable, la progression dramatique du IV et du V s’impose même si on ne la sollicite guère. L’Oronte de Stéphane Degout surgit enfin, noir et violent comme sa voix, mais Anders J. Dahlin, qui a perdu son J, on écrit maintenant Anders Dahlin, a aussi perdu sa voix. Ce printemps son Hyppolite nous alarmait, cet automne son Jason nous attriste, à la trame, sans l’ombre d’une possibilité de dynamique. Les mots sont justes, le style parfait, mais il parle plutôt qu’il chante.
Et la Médée de Michèle Loisier ? Abandonnée à sa seule fureur, qu’elle sait faire plus démonstrative qu’effrayante, elle compose une Médée moderne, presque une harangère, alors qu’on l’eût voulu tragédienne, éperdue, enténébrée. Lecture de surface à laquelle l’invite Pierre Audi, qui ne va pas plus loin que les apparences. Son tort est de le suivre. Pour un peu on aurait donné la magicienne à Aurélia Legay, sous-distribuée en Nérine, et dont chaque geste, chaque mot sonnaient juste.
En sortant du théâtre on paraphrasait Lambert : vains espoirs, inutiles regrets.
Jean-Charles Hoffelé
Marc-Antoine Charpentier : Médée - Paris Théâtre des Champs-Elysées, le 12 octobre, puis les 15, 17, 19, 21 et 23 octobre 2012
www.theatrechampselysees.fr
Pour entendre Médée, vous pouvez vous procurer l’enregistrement de William Christie qui préserve la Médée exemplaire de Lorraine Hunt (Erato-Warner), et tenter l’expérience assez particulière proposée par Patricia Petibon qui vient d’enregistrer chez Deutsche Grammophon trois des airs de la magicienne, la meilleure part d’un récital, par ailleurs déconcertant, intitulé « Nouveau monde »..
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Photo : Ruth Walz
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