Journal

Maxim Emelyanychev dirige Il Pomo d’Oro au Théâtre des Champs-Elysées – Un Haydn solaire – Compte-rendu

Longue silhouette, visage souriant, d’un pas décidé il rejoint ses musiciens de l’Ensemble Il Pomo d’Oro : d’évidence Maxim Emelyanychev fait partie des interprètes pour lesquels la musique est un vrai plaisir.

« La Poule » de Haydn: aidé par l’effectif réduit dont il dispose, le chef offre une Symphonie en sol mineur lumineuse, alerte mais sans brusquerie, pleine de sensibilité, de lyrisme aussi. Il Pomo d’Oro est accoutumé à Vivaldi, Haendel et autres baroques et ne possède pas la même aisance stylistique, ni le même fini instrumental dans le répertoire classique que, pour prendre un exemple parmi les jeunes formations actuelles, Le Concert de Loge ********* de Julien Chauvin, d’ailleurs plongé depuis quelques mois dans les « Parisiennes ». Hors de question pourtant de bouder une seule seconde son plaisir face à la solaire interprétation d'Emelyanychev

Musicien jusqu’au bout des doigts, ce dernier est aussi un pianofortiste de premier ordre. Le Concerto en ré mineur Hob.XVIII.11 se révèle un peu perdu – euphémisme... – dans l’acoustique du TCE, mais le naturel, la saveur, l’humour que lui apporte son soliste captent l’attention, autant que les trésors de poésie et le sens du cantabile qu’il déploie dans un fabuleux mouvement lent.
 
Mais, fichtre !, quel programme mal ficelé musicalement, chaque volet s’ouvrant sur une merveille de Haydn et se terminant par un ouvrage qu’on ne saurait ranger parmi les plus impérissables de Mozart. Coup «médiatique», le 3 pianos n° KV 242 permet certes d’associer le duo Labèque à Emelyanychev et ses instrumentistes... mais plombe la fin de la première partie. Que l’on aurait préféré découvrir sous les doigts du jeune Russe le Concerto pour clavier et cordes en sol majeur Hob.XVIII:4 ou le fa majeur Hob.XVIII:6, plutôt que cette œuvre de commande, de substance plutôt maigre, pour laquelle deux des solistes ne manifestent pas, c’est peu dire, un rapport aussi naturel que le troisième au pianoforte.

Et que l’on aurait préféré, en fin de programme, une autre symphonie de Haydn – la « Funèbre » ou « La Passion » par exemple – au Concerto pour deux pianos KV 365 dans lequel les sœurs Labèque enfilent aimablement les perles et rappellent que l'heure du coucher approche. Je me suis pris à rêver de ce qu’un duo Emalyanychev/Jean Rondeau eût osé ici...
Auditoire à l’évidence ravi, Rondo final bissé.

Alain Cochard

logo signature article

Paris – Théâtre des Champs-Elysées, 11 mai 2016

Photo © DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles