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Marzena Diakun dirige l’Orchestre Philharmonique de Radio France – Succès au pied levé – Compte-rendu

Prélude de Parsifal, Angels and Visitations de Rautavaara, Les Planètes de Holst : on venait à l’Auditorium de Radio France pour l’originalité et la cohérence du programme, mais aussi pour retrouver le nouveau directeur musical à la tête de l’Orchestre Philharmonique. Annonce micro juste avant le commencement de la soirée : Mikko Franck ne dirige pas le concert « pour des raisons personnelles »(1) et est remplacé par la Polonaise Marzena Diakun, chef assistante du Philharmonique depuis la rentrée. Au plaisir d’entendre un programme peu ordinaire s’ajoute par conséquent la découverte d’une artiste au CV déjà bien rempli (elle a été assistante de Jerzy Maksymiuk, Andrey Boreyko et Richard Rosenberg, et a obtenu un 2ème Prix au Concours du Printemps de Prague en 2007 et au Concours Fitelberg de Katowice en 2012).
 

Marzena Diakun © Tamzin B. Smith
 
Sacré défi pour la jeune femme que d’attaquer son premier concert parisien avec ce Wagner. A trop vouloir tenir et soutenir la ligne, elle aboutit à un résultat parfois heurté, manquant de fluidité en tout cas. Résultat très mitigé … que l’on a eu vite fait d’oublier par la suite. Angels and Visitations (1978), vaste pièce pleine d’étrangeté, tour à tour bruissante, diaphane ou paroxystique, montre M. Diakun absolument maître de son sujet. Frissonnante de timbres, la musique de Rautavaara s’épanouit sous un « bras » d’une autorité aussi naturelle qu’impressionnante.
 
Même bonheur d’écoute en seconde partie, et régal des yeux de surcroît, avec la célèbre suite de Gustav Holst, accompagnée de splendides images de la Nasa. Il ne s’agit pas là d’un plat documentaire mais d’un vrai travail de création video (qui, au passage, fait regretter que l’écran de l’Auditorium ne soit pas plus grand…) : il offre un contrepoint visuel idéal à une interprétation pleine de caractère et qui, en soi déjà, donne beaucoup à voir. Puissance jamais emphatique, plénitude du propos, richesse et subtilité de la palette de timbres, netteté stupéfiante des plans sonores : jusqu’au mystérieux évanouissement dans le silence de l’infini de Neptune, avec le concours du Chœur de Radio France (dirigé par Sofi Jeannin ), M. Diakun vise juste, nous tient en haleine, et permet de mesurer avec des partitions "tests" s'il en est la qualité acoustique de l’Auditorium rénové.
Longue acclamation du public, trop clairsemé hélas ... -  et de l’orchestre  – pour la jeune chef assistante. Marzena Diakun : retenez ce nom !
 
 
Alain Cochard

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(1) Il semblerait que l’agacement du maestro finnois face à certains aspects de l’organisation administrative de ses activités dans la Maison ronde soit à l’origine de cette décision.

Paris, Auditorium de Radio France, 2 octobre 2015.

Site personnel de Marzena Diakun : diakun.com/en/home/

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