Journal

Marseille - Compte-rendu : Le Festival de Saint-Victor se met à l’heure viennoise

Pour ce deuxième concert du 39e festival de St Victor, les organisateurs ont eu l’excellente idée d’inviter le clarinettiste - ou devrait-on dire le musicien accompli - Michel Portal (photo ci-contre) ainsi que l’orchestre des Pays de Savoie. Côté direction, honneur à la gente féminine avec la suisse allemande Graziella Contratto. Soulignons que cette ancienne assistante de Claudio Abbado est la première femme en France à diriger un ensemble orchestral permanent. Le programme proposé en première partie est plutôt inédit avec des compositeurs profondément imprégnés de l’écriture Mozartienne.

La Sinfonia « Veneziana » en ré majeur d’Antonio Salieri rappelle combien l’école italienne aura marqué le 18e siècle. Une élégante exécution de cette œuvre, intéressante pour son unité d’écriture et de ton, par des musiciens attentifs aux moindres gestes de leur chef. Nouveau clin d’œil au génie autrichien à travers Les 5 minutes dans la vie de W.A. Mozart d‘Alexandre Raskatov avec en soliste, le premier violon, Philippe Tournier. Son jeu, vibrant et profond, convient à merveille pour cette pièce insolite, décalée par son écriture même - les cordes en retrait et Contratto qui joue les percussionnistes en jouant sur des set de chimes et de rototom.

Retour à la tonalité mineure avec Kozeluch et la Symphonie en sol mineur. Tutti précis, tension dramatique et justesse dans la nuance, respiration idéale. Une page passionnée d’un réel intérêt. Certes, la ressemblance avec une symphonie de Mozart la dessert quelque peu mais son caractère scolaire ne peut faire penser à un véritable plagiat.

La deuxième partie de cette soirée se prolongeait avec le magnifique Concerto pour clarinette KV 622 de Mozart. Entre ciel et terre, la beauté à l’état pur de cet ultime chef d’œuvre du Maître, éternellement proche de nous, franchit les siècles pour nous rappeler combien l’intemporalité de certaines compositions reste mystérieuse. Dans son registre de prédilection, Michel Portal ne déçut pas, montrant l’étendue de son talent avec une maîtrise des couleurs et des phrasés. Une direction finement menée, à l’Autrichienne, dès l’Allegro : multiples interventions incisives de la part de la phalange de Savoie. L’Adagio fut l’occasion de percevoir toute la sensibilité du clarinettiste, il est vrai mise en lumière par un thème initial beau à faire frémir. Est-ce l’ébauche de cet Eden auquel tant de croyances lumineuses nous renvoient ? La ligne chantante du Rondo Allegro a également séduit par sa légèreté et son entrain espiègle. Notons toutefois l’acoustique réverbérante des lieux qui ne permet pas d’apprécier à sa juste mesure chaque partie de clarinette.

Deux bis tout en confidence pour conclure cette soirée. Tout d’abord, une retranscription d’un quatuor à corde de Tchaïkovski signé Portal, riche en émotions contenues. Un aspect visuel, presque « musique de film », qui n’est pas un hasard, compte tenu des compositions réussies dans ce domaine par Michel Portal. Un 2e bis avec la reprise du 2e mouvement du concerto précédemment donné, ovationné à juste titre par le public Marseillais.

Florence Michel

Marseille, Festival de Saint Victor, le 20 octobre 2005.

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles