Journal
Lysandre Châlon et Tanguy Chauvel en récital à Jeunes Talents (Temple du Foyer de l’Âme) – Baryton d’avenir – Compte rendu

Baryton indique le programme. Baryton-basse aurait-il fallu préciser ; on le comprend dès les premières notes du Pas d’armes du Roi Jean de Saint-Saëns qui ouvre le récital de mélodies françaises que Lysandre Châlon (photo) donne, accompagné par Tanguy Chauvel, au temple du Foyer de l’Âme dans le cadre de la saison Jeunes Talents. Voix ample, riche, souple et parfaitement homogène, remarquablement articulée, sans parler des phénoménales réserves de puissance que l’on devine : un baryton-basse certes, mais surtout un chanteur au potentiel considérable, promis au plus bel avenir.

Repéré à l’Opéra-Comique
Lysandre Châlon est actuellement étudiant en master au CNSMDP dans la classe de Frédéric Gindraux. Laurent Bury n’avait d’ailleurs pas manqué de vous signaler son Ubalde dans l’Armide de Lully en juin 2024 à Favart.(1) Sur cette même scène, il vient de tenir deux autres petits rôles (Un Scythe/Un Ministre du Sanctuaire) dans la superbe Iphigénie mise en scène par Wajdi Mouawad. Il a par ailleurs eu l’occasion de participer à des productions de compagnies telles qu’Opéra Eclaté ou Les Chants égarés, et collabore à l’ensemble Correspondances de Sébastien Daucé.(2) Une activité pour le moment assez discrète donc, mais il ne fait pas l’ombre d’un doute que les choses changeront bien vite et qu’on le retrouvera sur de grandes scènes.

Tanguy Chauvel © DR
Un saisissant Ropartz
Si l’artiste est très attiré par le répertoire baroque, il se montre particulièrement à son aise aussi dans le lied et la mélodie. Après le Saint-Saëns introductif, Chausson (Le Chevalier Malheur, Apaisement), Ravel (Don Quichotte à Dulcinée), Debussy (Trois Mélodies de Verlaine) montrent déjà le parfait sens de la caractérisation de Lysandre Châlon, porté ici par le jeu très présent et timbré de Tanguy Chauvel, et son aptitude à ouvrir de vastes horizons poétiques (splendide Chevalier Malheur). À partir des Fauré (Un Secret très prenant, En sourdine d’un profond raffinement dans les nuances), le chanteur va plus loin encore. Après un bel intermède de piano solo avec le Nocturne op. 55 n°2, le chanteur retrouve son partenaire pour les Quatre Poèmes d’après l’Intermezzo d’Heinrich Heine de Ropartz, cycle terrible qui chemine vers le noir abîme de la nuit éternelle et dont les interprètes restituent la puissance dramatique. Noirceur et intensité formidables : on est proprement saisi ! Pas moins réussies et exemplaires d’intelligence musicale les Chansons de Don Quichotte de Jacques Ibert referment le programme avec une mort d’une tenue et d’une sobriété bouleversantes.
Un jeune artiste admirable qu’il faut suivre avec la plus grande attention. La Romance à l’étoile de Tannhäuser donnée en bis ne peut que conforter ce jugement – oui, Lysandre Châlon a beaucoup de choses à dire aussi chez Wagner ...
Alain Cochard

(2) www.concertclassic.com/article/sebastien-dauce-et-lensemble-correspondances-caen-toutes-les-qualites-pour-servir-bach
Paris, Temple du Foyer de l’Âme, 12 novembre 2025
© DR
Derniers articles
-
13 Novembre 2025Laurent BURY
-
12 Novembre 2025Archives du Siècle Romantique
-
12 Novembre 2025Vincent BOREL







