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Lyrique : les régions misent sur la rareté
Lyonnais aussi bien que toulousains, les amateurs de raretés lyriques vont trouver matière à satisfaire leur curiosité dans les jours qui viennent. La capitale des gaules ouvre en effet la marche avec une nouvelle production du Roi malgré lui de Chabrier (photo ci-contre), tandis que le Théâtre du Capitole lui emboîte le pas avec La Rondine de Puccini. Deux purs bijoux de musique qui souffrent de la concurrence de partitions plus célèbres de leurs auteurs.
Même assez féru de musique française, le mélomane ne connaît souvent du Roi malgré lui que les fameuses Fête polonaise et Danse slave. Immédiatement accepté par la direction de l'Opéra-Comique - ce qui n'avait pas été le cas pour Gwendoline… -, Le Roi malgré lui fut créé avec succès en 1887 et valut maints éloges au compositeur français. On y trouve "des choses absolument exquises et (ce que j'aime mieux encore) des choses tout à fait neuves et que personnes n'a faites avant toi", disait d'ailleurs Vincent d'Indy à son "vieil ami" Chabrier.
Le livret mis en musique par ce dernier n'est certes pas sans faiblesses mais on ne saurait se priver du bonheur de redécouvrir une composition contrastée où tendresse et folle verve se mêlent avec chic, d'autant qu'un artiste dont l'humour et l'imagination ne sont plus à saluer la met en scène. Assisté d'Agathe Mélinand (dialogues et dramaturgie) et de Bernard Legoux (décors), Laurent Pelly s'empare en effet du Roi de Chabrier - autant dire qu'un rafraîchissant coup de jeune se profile à l'horizon… Voilà qui ne pourra que stimuler une distribution constituée en large partie de chanteurs français où l'on remarque la présence de Maryline Fallot, Yann Beuron, Franck Leguérinel et Didier Roussel entre autres. Et tout ce joli monde sous la sémillante baguette d'Evelino Pido : franchement alléchant !
Avec La Rondine mise en scène par Nicolas Joël, le Théâtre du capitole met à l'affiche une production créée au Covent Garden en 2002 et reprise dans cette même institution durant la saison en cours. Avant Paris, Toulouse découvre ainsi un spectacle que l'on retrouvera entre le 1er et le 10 juilllet au Châtelet. Commande d'un théâtre de la capitale autrichienne au glorieux auteur de Tosca, La Rondine (L'Hirondelle) demeure méconnue, plus encore que La Fanciulla del West, pourtant relativement rare elle aussi. Cette d'ailleurs à cette dernière qu'elle succède dans la chronologie de Puccini. Dans le contexte de la première guerre mondiale, la création de La Rondine ne put comme prévu se tenir à Vienne et c'est Monte-Carlo qui, en mars 1917, eut la primeur d'une partition ambiguë et douce-amère où Puccini dévoile une facette profondément attachante de son génie.
Six ans après une Traviata très applaudie, Inva Mula est de retour au Théâtre du Capitole et incarne Magda, le principal personnage féminin. Le rôle de Ruggero, son alter ego masculin, est confié au ténor albanais Giuseppe Gipali dans une distribution où l'on note aussi la présente d'Annamaria Dell'Oste, Marius Brenciu, Alberto Rinadi ou Frédéric Caton, tous sous la direction de Marco Armiliato.
Alain Cochard
Le Roi malgré lui de Chabrier. Opéra de Lyon. Les 24, 26, 28 février ; les 2, 4, 6 et 8 mars.
La Rondine de Puccini. Théâtre du Capitole de Toulouse. Les 4, 8, 11 et 15 mars.
Photo : DR
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