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Lyon - Compte-rendu : Une Messe à l’Opéra

Marc Minkowski

C’est fait, le Rubicond est franchi. On attendait avec un espoir mêlé de craintes les premiers pas de Marc Minkowski dans cette Messe en si, oméga de l’œuvre du Cantor, dont on n’a jamais su à quel effectif exact il la destinait, ce qui autorisât Joshua Rifkin a en proposer une rédaction minimaliste, avec un chœur de dix voix – une par partie, et un petit orchestre pas si loin que cela de celui des Concertos brandebourgeois, celle-là même pour laquelle Les Musiciens du Louvre ont optée.

Demi-réussite seulement : la Messe en elle même, déployée dans des tempos très retenus sinon le Cum Sancto Spiritu où l’énergie légendaire de Minkowski entraînait toute l’équipe dans une jubilation ravageuse, péchait si l’on peut dire par un mystère trop opaque, une sorte de tendresse un peu timide. Peu dans cette liturgie semblait capable de s’incarner, de prendre une tension.

En absolu contraste, le Symbole de Nicée, avec ses évocations de la Crucifixion et la Résurrection déployait soudain une présence inextinguible, portée à blanc dans un Crucifixus illustratif, dont on entend quasiment jamais la violence comme on put l’écouter à l’Opéra de Lyon en ce 1er avril. Distribution en or : Joanne Lunn, Staskiewicz, Jaroussky, Gonzalez Toro, Joao Fernandes, la basse abyssale et charbonneuse d’Alan Ewing, l’Osmin de L’Enlèvement au sérail selon Marc Minkowski, étayaient l’ensemble et distillaient des soli poétiques et prégnant, dont le plus bouleversant fut celui, hors de tout style mais pétri de vraie musique de Nathalie Stutzmann.

On quittait cette Messe en si avec son Agnus Dei à la fois apaisé et inquiet. Il nous poursuit encore. Demain, il faut espérer que Minkowski nous offrira l’œuvre sacrée de Bach qui lui semble destinée par nature : la Passion selon Saint Jean.

Jean-Charles Hoffelé

Opéra de Lyon, 1er avril 2007

Programme détaillé de l’Opéra de Lyon

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