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Ludovic Morlot dirige l’Orchestre National - Quelle maîtrise ! - Compte-rendu
Pour l’ouverture de la saison du Théâtre des Champs-Elysées, le chef français Ludovic Morlot (37 ans) a frappé un grand coup avec ce qui constituait son premier concert à la tête de l’Orchestre National de France. Peu présent jusque-là sur les scènes françaises, l’ancien assistant d’Ozawa et de Levine mène une carrière internationale couronnée de succès. Récemment nommé directeur musical de l’Orchestre de Seattle, il occupera des fonctions similaires à compter de janvier prochain à la Monnaie à Bruxelles.
On avait pu apprécier (en janvier 2011 à la salle Favart) son aptitude à se mouvoir dans la complexité du Bœuf sur le toit de Milhaud et des Mamelles de Tirésias de Poulenc. Au TCE, il manifeste une autorité confondante dans des partitions qui exigent des qualités d’équilibre, d’acuité rythmique et un sens mélodique constant. Par la précision du geste, la ferveur de l’exécution, le sens des contrastes, Ludovic Morlot respecte aussi bien le style que l’esprit du Gloria de Poulenc. Chœur et orchestre répondent à une conception précise, sans pathos, proche aussi de la sauvagerie stravinskienne. La soprano québécoise Hélène Guilmette, rompue à ce répertoire, ne trouve pas immédiatement ses marques mais parvient progressivement à s’élever, par le raffinement et la justesse du trait, sur des sommets éthérés.
Sous une direction ample et transparente, l’Orchestre National s’épanouit ensuite dans le ballet Daphnis et Chloé de Ravel (si rarement donné dans son intégralité). On mesure toute la difficulté, sans la présence physique des danseurs, à rendre l’unité et la diversité des climats. Ludovic Morlot, par la cohérence de son interprétation, entre de plain-pied dans l’univers ravélien, assurant à cette symphonie de la nature une clarté et une fluidité, grâce à un art subtil des transitions. Le sens du détail ne nuit jamais au lyrisme ni à la vitalité du discours. Plus porté à la poésie pure qu’à la sensualité, le chef sait magnifier le chatoiement sonore et le mystère du Lever du jour, soutenu par les bois d’un orchestre de toute beauté. Le Chœur de Radio France, préparé avec soin par Aurore Tillac, témoigne d’une homogénéité irrésistible qui comble de bonheur, tandis que l’acoustique améliorée du TCE procure une sensation d’ampleur et de densité.
Un grand moment de musique dispensé par un chef talentueux dont les lendemains devraient être enchanteurs.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 10 novembre 2011
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Photo : DR
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