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​L’Orchestre national d’Île-de-France et Case Scaglione – Réussite wagnérienne et tentation slave

Premier enregistrement de Case Scaglione (photo) avec l’Orchestre national d’Île-de-France, l’anthologie wagnérienne qui vient de paraître (2CD #NoMadMusic) – des extraits de Parsifal, Tristan et La Walkyrie – comble tant par la qualité et l’engagement des chanteurs présents (Michelle DeYoung, Simon O’Neill, Pierre-Yves Pruvot) que la musicalité et la puissance dramatique de la battue du jeune maestro. Un double album franchement convaincant qui réveille des souvenirs du « monde d’avant » ; ceux des débuts de Scaglione à l’Ondif. C’est en effet avec ce programme « Wagnermania » que Scaglione inaugura sa première saison lors d’une soirée à la Philharmonie de Paris, le 22 octobre 2019.(1) Un concert réussi ô combien dont on retrouve l’énergie grâce à un enregistrement réalisé au Studio de l’Ondif à Alfortville (2) dans la foulée de la tournée en Île-de-France.
 
(Wagnermania / 2CD #NoMadMusic NMM 085)

Quelques mois plus tard hélas, la survenance de la pandémie, ici comme ailleurs, est venue bouleverser l'existence de l’orchestre, l’empêchant de se produire en concert. Solution certes souvent frustrante mais précieuse pour maintenir le lien avec le public, les streamings se sont depuis lors un peu partout répandus, à une vitesse très inégale selon les cas toutefois. L’Ondif aura été de ce point de vue l’un des plus réactifs — effet des volontés conjuguées de Case Scaglione et de Fabienne Voisin, directrice générale de l'orchestre ! –  en lançant dès juin dernier la série « Bach to live ! »

Après quelques apparitions à la rentrée, dont une très réussie dans le cadre de la première édition du Rungis-Piano Festival début octobre (3) ; la fermeture des salles a conduit l’Ondif de renouer avec le streaming. Les concerts « ONDIF LIVE » (présentés par les soins de Tristan Labouret, ils demeurent librement accessibles à la réécoute (4) ) auront entre autres permis de goûter à un splendide programme Debussy, Strauss, Enesco, Rachmaninov (une épatante Rhapsodie Paganini par Marie-Ange Nguci !) sous la baguette de Scaglione, à un « Noël à New York » rondement mené par Karine Hendrickson, ou encore à des Tchaïkovski fervents sous l’archet d’Alena Baeva et la baguette de Tito Muñoz (Concerto pour violon, Symphonie « Pathétique » ).
 

Johannes Moser © Manfred Esser - Haenssler Classik 
Nguci, Baeva : deux noms qui prouvent une fois encore que la politique de l’Ondif s’attache à mettre en valeur des solistes de talent, à l’orée de la carrière souvent ou en tout cas encore peu connus du public français. Ce sera à nouveau le cas le 6 février prochain (5) avec le violoncelliste germano-canadien Johannes Moser (2e Prix du Concours Tchaïkovski en 2002), un jeune quadragénaire bien rare en France auquel Case Scaglione confie les inoxydables Rococo de Tchaïkovski au cours d’un programme « Légendes slaves » comprenant en outre les Légendes nos 1, 6 et 6 et la si poétique Symphonie n° 7 de Dvořák.

Enfin, rappelons que si le programme « Wagnermania » a ouvert la première saison de Case Scaglione à la rentrée 2019, Paris fit connaissance avec le successeur d’Enrique Mazzola dès novembre 2018, à l’occasion d’un concert (Rouse, Khatchaturian, Moussorsgski/Ravel) qui a aussi permis d’assister aux débuts français du merveilleux Nathan Meltzer dans le Concerto pour violon du compositeur arménien(6). Chic, l’enregistrement audio de ce programme est disponible sur le site de l’Ondif !

Alain Cochard

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