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L’Orchestre national de Lyon et Leonard Slatkin - Défense (critique) de l'ONL


Lyon est la seule ville de France après Paris à posséder deux orchestres nationaux, et pourtant l'Orchestre national de Lyon comme celui de l'Opéra sont régulièrement cités après le fougueux Orchestre national du Capitole à Toulouse en tête des classements. Le dernier palmarès publié par notre confrère Christian Merlin dans Le Figaro ne s'y trompe pas. Si l'Orchestre de l'Opéra fait encore partie des « bons élèves », l'ONL lui, plonge pour la première fois du côté des demi-cancres, ceux qui « peuvent mieux faire ». Il est certain que les « méthodes désastreuses du nouvel administrateur », Laurent Langlois, pour reprendre Christian Merlin, n'y sont pas pour rien. Fausses annonces, amateurisme de programmation, management et communication exécrables, la réputation de l'ONL en a pris un sacré coup en trois ans, en plus d'une guerre de tranchées avec les musiciens qui se terminera, enfin, en mai prochain avec le départ, concerté nous dit-on pour rester polis, de l'administrateur.

Pourtant, l'Orchestre national de Lyon a des ressources exceptionnelles, et ce sera au nouveau directeur musical, Leonard Slatkin, de savoir les mettre en valeur. Car quand il est bon, l'ONL est vraiment très bon. Il peut même prétendre certains soirs au rang d'un des tout meilleurs orchestres européens. Sous la direction inspirée d'Eliahu Inbal, l'ONL avait pu livrer cet été au Festival Berlioz une version d'anthologie de la Faust Symphonie de Liszt, avec un long premier mouvement, wagnérien à souhait, véritablement en apesanteur. Après l'ère Krivine des années 90 qui avait assis sa réputation dans la musique française, Jun Märkl, s'il a pu manquer d'autorité au moment des conflits internes à l'institution, a su donner à l'orchestre la couleur germanique qui lui manquait, particulièrement du côté des cordes, parvenant souvent des sommets chez Strauss (la Symphonie Alpestre), Schoenberg (Pelleas und Melisande il y a deux ans) ou Wagner.

Une excellence dont continuait de bénéficier l'orchestre dans la non moins mystique 9e Symphonie de Bruckner le 12 novembre dernier même si la poigne un peu trop volontaire de Simone Young n'était sans doute pas idéale pour lui rendre justice. Toute la question est là : à partir de cette Rolls potentielle, le nouveau directeur musical saura-t-il bâtir une identité sonore suffisamment forte pour que l'ONL retrouve la place qu'il mérite ? Pour le moment, le chef américain en reste encore au stade des présentations. « L'Amérique » qu'il vient dessiner en plusieurs concerts jusqu'au 10 décembre tient plus du catalogue (John Williams, Barber, Ellington, Camilo, Bernstein ou Copland) que de la construction d'une identité sonore. Depuis les concerts d'ouverture, la lune de miel entre le chef et les musiciens est certes évidente. Il faudrait maintenant que l'Auditorium retrouve une programmation à sa hauteur pour véritablement convaincre. Laissons du temps au temps.

Luc Hernandez

Prochains concerts de l’ONL :

L'Amérique de Leonard Slatkin (II)

Œuvres de Bernstein, Rorem, Ives, Gershwin, Ellington

1er et samedi 3 décembre 2011-11-22

Lyon-Auditorium

L'Amérique de Leonard Slatkin (III)

Œuvres de Carter, Barber, Corigliano

8 et 10 décembre 2011

Lyon-Auditorium

www.auditoriumlyon.com

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Photo : DSO

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