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L’Orchestre Lamoureux et Fayçal Karoui au TCE - L’amour des timbres - Compte-rendu

Début d’année bien rempli pour l’Orchestre Lamoureux et son nouveau directeur musical, Fayçal Karoui (photo) qui, avant se plonger dans le maelström de la Folle Journée nantaise avec un total de 17 concerts (sans parler de la Folle Journée à Tokyo où ils seront présents au printemps), avaient rendez-vous au TCE avec un public qui n’a pas hésité à braver les aléas météorologiques pour goûter à un beau programme français.

Il est des manières de faire de la musique qui vous réchauffent le cœur, telle celle des instrumentistes de la vénérable association symphonique et de l’ancien assistant de Michel Plasson. Dès le Prélude à l’après-midi d’un faune le sens de la couleur et la souplesse d’une direction très marquée par la fréquentation de l’univers chorégraphique, alliés au plaisir collectif qui porte l’orchestre, exercent leurs charmes.

Avec David Kadouch au clavier, le Concerto en sol de Ravel se situe aux antipodes des approches consistant à cavaler dans les mouvements rapides au point de ne plus les laisser respirer. Sans céder à l’alanguissement, le soliste trouve un juste point d’équilibre entre poésie et virtuosité vif-argent. Et quelle osmose avec l’orchestre dans l’Adagio assai ; au moment de l’entrée du cor anglais, le piano procure la sensation de venir littéralement s’enlacer à sa ligne mélodique.

La variété de la palette de couleurs de David Kadouch fait par ailleurs mouche dans The Shining One (2005) de Guillaume Connesson, un mini-concerto de nature très post-ravélienne, en trois sections enchaînées, que le soliste enlève avec autant d’aplomb que de féline nervosité.

L’amour des timbres, que l’on se place du point de vue des compositeurs ou des interprètes, se révèle être le dénominateur commun de tout un concert que referme La Mer (l’Orchestre Lamoureux fut le créateur de l’ouvrage de Debussy en 1905). Une vraie identité sonore s’affirme ; cette façon de penser un effet dynamique non seulement en décibels mais aussi – et même bien plus parfois - en renforçant l’intensité de certaines couleurs fait la différence.

Prochain concert parisien de l’Orchestre Lamoureux, le 24 mars, avec, entre autres, la rare et somptueuse Symphonie d’Ernest Chausson.

Alain Cochard

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 20 janvier 2012

Site de l’Orchestre Lamoureux : www.orchestrelamoureux.com

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Photo : DR
 

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