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Licence de poche ; Dévergondages Baroques au Théâtre du Tambour Royal

On passera une méchante palissade de taule au 94 de la rue du Faubourg du Temple pour pénétrer à gauche toute dans un de ces réduits théâtreux qui firent les belles soirées des faubourgs, lorsque l’opérette dans un mouchoir et les gosiers des michetons de Paname s’improvisaient pour ce petit public parigot qui a aujourd’hui presque disparu.

Dans ce Théâtre du Tambour Royal où l’on monte par un escalier, on joue pour une poignée de spectateurs. De toute façon, le sujet veut de la discrétion et s’adresse aux seuls initiés des rigueurs de Priape. Iakovos Pappas et ses chanteurs, regroupés sous le joli nom d’Ensemble Almasis, ont pris une heure vingt pour vous faire voyager dans les terres libertines du XVIIIe siècle, en texte et en musique. Tous emmenés par l’irrésistible Edwige Bourdy se livrent à une pétillante dissertation sur le « foutrage » et les nombreuses utilisations de la part la plus sensible de l’être humain : les muqueuses qui selon les divers auteurs et compositeurs consultés seraient le siège des plaisirs les plus divers, voir même celui de l’âme.

Il faut attendre à genoux (c’est le moins) les ordres du grand prêtre de Priape, Pappas lui-même, monté sur sa table, et boire les conseils qu’il prodigue de sa voix châtrée. Ces consommations là sont recommandées sans que la modération soit de mise. Spectacle sans prétention, fait avec trois bouts de ficelle et surtout de bonnes idées. Allez y donc, méditez, et n’oubliez pas de pratiquer.

Jean-Charles Hoffelé

Dévergondages Baroques, par l’Ensemble Almasis, Théâtre du Tambour Royal, Paris, le 11 mars 2004. Le spectacle se donne à cette enseigne les jeudi, vendredi et samedi à 21h, et le dimanche à 17h 30, jusqu’au 2 mai.

Photo : DR
 

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