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Les Siècles et François-Xavier Roth au Festival Berlioz - Renouvellement et émotion - Compte-rendu

En guise d’ouverture musicale, après une première journée festive parmi les chemins de campagne, le Festival Berlioz de La Côte-Saint-André laisse place à un concert tout Berlioz sous l’égide de François-Xavier Roth (photo) et son orchestre Les Siècles. Le programme fait se côtoyer Les Nuits d’été et Harold en Italie, en compagnie de la plus inhabituelle ouverture des Francs-Juges. On sait que cette dernière provient d’un sombre opéra, campé dans une Allemagne médiévale ensorcelée, de toute jeunesse de Berlioz : Les Francs-Juges, opéra achevé, mais par la suite abandonné sinon renié.
 
Mais on n’attendait guère de cette ouverture un tel renouvellement. La disposition de l’orchestre pique déjà l’intérêt, avec ses cordes au premier plan dans la répartition coutumière des phalanges d’époque (violons 1 et 2 de part et d’autre), mais avec les contrebasses en arrière-fond sur une petite estrade, et les cuivres campés de côté droite et gauche. De fait, surgit d'emblée un relief inaccoutumé, avec ses trombones et ophicléides rugissants et ses cordes virevoltantes. L'effet saisissant se poursuit alors, dans un monde sonore fait de contrastes et d’étrangetés. Du pur Berlioz, déjà génial (vers 1825, de la part d’un compositeur de 22 ans encore élève du Conservatoire), dont on comprend l’enthousiasme que cette page a pu provoquer chez un Schumann ! Ce que Roth sait transmettre, comme bien peu, dans la crudité de ses embardées premières.
 

Anne-Sofie von Otter © SimonBarralBaron pour le Festival Berlioz
 
Succèdent Les Nuits d’été, dans une texture tout autre et un orchestre devenu infiniment subtil soutenant une Anne Sofie von Otter qui a fait de ce cycle mélodique son régulier cheval de récitals. Si la mezzo ne recèle plus exactement les élans qui ont fait naguère sa notoriété, l’émotion reste intacte dans des contours nuancés. Alors même que les instrumentistes comme l’interprète pâtissent de l’acoustique, peu propice à l’intimité, de l’auditorium tubulaire provisoire en semi-plein-air sis dans la cour du château de La Côte-Saint-André.

 

Adrien La Marca © Bernard Martinez
 
En seconde partie symphonique mais avec « alto principal », Harold retrouve des accents débridés ou rêveurs, portés par l’alto inspiré d’Adrien La Marca, apparu des coulisses comme le veut le personnage byronien qu’il exprime, et un orchestre lui répondant d’un seul jet. Belle entrée en matière que ce concert, de la part de l’un des plus judicieux intercesseurs actuels de Berlioz, François-Xavier Roth, âme fidèle de ce festival.
 
Pierre-René Serna

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Festival Berlioz, La Côte-Saint-André, 20 août 2016.
Festival Berlioz, jusqu’au 30 août - www.festivalberlioz.com
 
Photo © SimonBarralBaron pour le Festival Berlioz

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