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Les Pêcheurs de perles en version de concert au Festival d’Aix-en-Provence – Bijou nacré - compte rendu

 
 

Jour de deuil ce 19 juillet avec la mort de Béatrice Uria-Monzon. La mezzo soprano est évoquée avec classe par Marc Minkowski avant de débuter l’interprétation des Pêcheurs de perles, non sans avoir aussi eu une pensée pour Pierre Audi, le directeur général du Festival d’Aix-en-Provence décédé en mai dernier. Programmée dans le cadre du 150ème anniversaire de la mort du compositeur, l’ouvrage né de la plume d’un Bizet de 25 ans a inondé de lumière et de bonheur le Grand Théâtre de Provence dans ce contexte si particulier.

 

Elsa Benoit (Leïla) © Vincent Baume

 
Surtout connu pour quelques airs, dont la romance de Nadir, Les Pêcheurs de perles ne brille pas par la qualité de son livret. Donner cet opéra en version de concert semble être une sage décision évitant de partir faire du tourisme forcé à Ceylan, sur la plage et entre les ruines des dagobas et autres stupas… De plus, l’effectif vocal requis, permet souvent l’engagement d’un quatuor irréprochable. Il ne pouvait en être autrement pour le Festival d’Aix-en-Provence et pour le regretté Pierre Audi qui avait fait appel à Elsa Benoit (Leïla), Pene Pati (photo, Nadir), Florian Sempey (Zurga) et Edwin Crossley-Mercer (Nourabad). Un casting royal dont s’est emparé avec bonheur Marc Minkowski (photo) pour offrir un bijou nacré au public d’un théâtre plein à craquer.

 

Florian Sempey © Vincent Baume

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Osmose parfaite
 
A la tête de ses Musiciens du Louvre, Minkowski a offert une lecture dynamique, évitant le côté parfois roucoulant d’une musique aux effluves de cinnamomum et aux arômes de cannelle. Cette partition de jeunesse de Bizet, laisse entrevoir un génie qui trouvera son aboutissement, hélas le seul, douze ans plus tard avec Carmen. Cordes soyeuses, bois précis et aériens, cuivres percutants répondent sans faillir aux sollicitations d’une baguette qui détaille avec passion les subtilités de l’œuvre. Un chef et un orchestre en osmose parfaite avec les solistes.

 

Edwin Crossley-Mercer (Nourabad) © Vincent Baume

 
Un quatuor vocal de premier ordre
 
Pour sa première participation au festival aixois, Elsa Benoit prenait le rôle de Leïla ; l’occasion pour la soprano bretonne – diction parfaite, ligne de chant idéale, aigus maîtrisés, implication émotionnelle totale – de s’imposer sans aucune faille. Pene Pati, lui aussi, embrassait pour la première fois le rôle de Nadir. Physiquement affûté, il a été bouleversant dans la romance, mezzo voce sensible et sensuel, et très présent au long de la représentation avec des aigus bien amenés et une précision de tous les instants. Florian Sempey, Zurga, fut égal à lui même, puissant dans les imprécations, projection idéale, voix colorée et nuancée. Quant à Edwin Crossley-Mercer, avec de faux airs de Sting, il s’est imposé en sombre Nourabad. Après un départ délicat, le chœur de l’Opéra Grand Avignon a trouvé son rythme de croisière, détaillant parfaitement ses interventions. Très longue ovation debout à l’issue de cette représentation, unique hélas.
 
Michel Egéa
 

Bizet : Les Pêcheurs de perles (version de concert) – 77e Festival d’Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, 19 juillet 2025
 
© Vincent Baume

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