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« Destinées » par le Consort au Festival de Saintes 2025 – Ariette et autres délices – Compte-rendu

La programmation du Festival de Saintes aura eu en l’occurrence de la suite dans les idées : quelques heures après le splendide concert de l’Académie d’Ambronay et Amandine Beyer à l’Abbatiale (1), au tour de Sophie de Bardonnèche (photo) de prendre place sur la scène de l’Auditorium de l’Abbaye au Dames. C’est en effet sur les conseils de sa collègue italienne que la Française, il y a quelques années, est passée de l’alto au violon. On la retrouve en compagnie de Justin Taylor et Lucile Boulanger pour la reprise du programme « Destinées », déjà applaudi au disque (Alpha) et dans de nombreuses salles, qui rassemble des compositrices françaises de la période baroque. Le résultat d’un patient travail de recherche que Sophie de Bardonnèche a mené sur une période de plus de quatre ans.

© Esteban Martin
Un jeu épanoui
Comme elle l’expliquera au public juste avant distiller des extraits (Prélude, Aria et Presto) de la merveilleuse Sonate en ré mineur d’Elisabeth Jacquet de la Guerre placée en fin de programme, c’est de cette partition qu’est née son envie d’explorer le répertoire des compositrices baroques. Et, comme une Héloïse Luzzati chez les musiciennes des XIXe et XXe siècles, elle a fait passer le critère de la qualité avant le genre. En résulte une anthologie aussi savoureuse qu’équilibrée, où le jeu de la violoniste, secondé avec complicité par le clavecin et la viole, s’épanouit et montre combien il a au fil des ans gagné en présence et en corps.
Elisabeth et les demoiselles
Plein de caractère, un Rondeau (tiré des Génies) de Mademoiselle Duval ouvre un concert au cours duquel, outre la Sonate en ré mineur précédemment mentionnée, Elisabeth Jacquet de la Guerre est représentée par la Sonate en la mineur (un inédit de 1695 conservé à la BnF) et une autre (de 1707), dans la même tonalité, dont on entend le Prélude et l’Aria. On est dans tous les cas séduit par les horizons poétiques que Sophie de Bardonnèche et ses deux partenaires dévoilent avec une palette sonore très nuancée et cet art de la conversation musicale si particulier qui distingue et fait le succès du Consort.

© Esteban Martin
Si le nom Jacquet de la Guerre est – relativement – connu, d’absolues raretés s’offrent avec diverses demoiselles. Mademoiselle Laurant d’abord dont le Premier air dégage un charme irrésistible. Après un intermède pour viole et clavecin occupé par un Menuet de Mademoiselle Blondeel, la violoniste, qui en a profité pour s’installer dans la salle, regagne la scène en jouant l’onirique Prélude pour violon seul de Mademoiselle Bocquet. Et tous de se retrouver dans le pastoral Rondeau de Mademoiselle de Fumeron. Mais Madame Talon et son Menuet, plein de chic, ou Madame Papavoine et sa vigoureuse (et fort vivaldienne) Tempête ne sont point en reste.
On a gardé pour la fin l’une des plus belles trouvailles de Sophie de Bardonnèche : l’Ariette dans le goût nouveau de Mademoiselle Guésdon de Presles. Trois minutes de musique d’une poésie intense dont les interprètes s’emparent avec un abandon rêveur et des couleurs tendres. Le morceau sera repris en second bis (avec unanime approbation du public ! ), juste après un pièce d’Anna Bon di Venezia, talentueuse élève de Vivaldi
Alain Cochard

54e Festival de Saintes, Abbaye aux Dames, auditorium, 16 juillet 2025
(1) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/miroirs-venitiens-par-lacademie-dambronay-dir-amandine-beyer-vive-lautogestion-compte-rendu
Photo © Esteban Martin
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