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Les Danaïdes de Salieri à l’Opéra royal de Versailles - Franc succès - Compte-rendu

Poursuivant sa réhabilitation d’opéras français célèbres en leur temps, mais depuis lors (injustement ?) oubliés, la saison du Palazzetto Bru Zane continue son bienfaisant bonhomme de chemin avec Les Danaïdes. N’hésitons pas à dire d’emblée que c’est autrement mieux venu, et plus essentiel, que Les Mystères d’Isis (voir notre compte-rendu). Jean-Charles Hoffelé a déjà exprimé ici même tout le bien qu’il faut penser de l’opéra de Salieri. Lors du concert à l’Opéra Versailles, les promesses sont tenues.

Christophe Rousset (photo) officie, dans des tempos judicieusement exacerbés, avec la verve et l’ardeur qui siéent. Ses Talens Lyriques sont sans reproche, d’un bel élan d’ensemble vite communicatif. On serait plus réservé pour les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, leurs voix aigrelettes et à l’occasion décalées, prenant toutefois davantage consistance dans les saisissantes scènes finales – on est loin, à cet égard, du Chœur de la Radio flamande (entendu dans Les Mystères d’Isis), et plus loin encore du Chœur de chambre Namur, l’une des meilleures formations chorales baroques actuelles (vive la Belgique !). Judith van Wanroij n’évite pas toujours les excès, dans sa caractérisation de la tragique Hypermnestre – à trop vouloir prendre modèle du souvenir de la Branchu, la grande prêtresse du rôle au début du XIXe siècle –, avec quelques notes tirées, mais demeure une vive incarnation. La palme du beau chant revient à Philippe Talbot, délicieux ténor élégiaque pour Lyncée, le héros fragile et malheureux, et à Tassis Christoyannis, sombre à souhait pour Danaüs, le méchant de cette ténébreuse histoire. Et le public de réserver un triomphe final, amplement mérité.

Pierre-René Serna

Antonio Salieri : Les Danaïdes, Opéra royal de Versailles, 27 novembre 2013

Photo : Eric Larrayadieu

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