A l’heure où les compositeurs semblent avoir perdu le secret de produire une musique souriante, il est heureux que les interprètes, eux, trouvent encore le moyen de jouer avec leur voix pour réjouir le public. Pour cela, rien de tel que de former une équipe, comme les « Opera Locos », mais les quatuors féminins ont particulièrement le vent en poupe. La réunion de quatre voix a cappella, qu’on appelle barbershop dans le monde anglophone, connaît ainsi un changement de sexe tout à fait réussi. Quatre nouvelles « femmes à barbe » sont donc apparues récemment dans le paysage musical, tout aussi déjantées que la plupart de leurs consœurs. 

 

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Amuser en s’amusant
 
« Les Chevaliers de la Vocalypse » réunit deux sopranos et deux mezzos qui ont pour mission de pourfendre la cacophonie : ces héroïnes ont pour nom Gorgoneïa, Hermania, Metallia et Gyoza, et arborent les tenues improbables qu’on peut attendre de tels sobriquets. En résumé, une walkyrie, une Wonder Woman, une femme en fer blanc et une samouraï. Pendant une heure, sous ce prétexte loufoque, elles s’amusent et amusent les spectateurs en enchaînant les arrangements les plus inattendus, rapprochant les genres de manière particulièrement savoureuse.
 
 Aux côtés d’un sublime « Youkali » de Weill on trouvera donc un hommage appuyé à la Compagnie Créole, un clin d’œil à l’opéra et à ses travers voisine avec quelques tubes de Mylène Farmer, et bien d’autres surprises encore, avec un humour assez redoutable qui ne laisse pas le public indifférent. On salue donc, pour leurs mérites divers et variés, les quatre chevaleresses de cet « orchestre vocal non identifié » : les sopranos Isabelle Debauve et Delphine Cadet, les mezzos Florence Alyrac et Dorothée Thivet.

Laurent Bury