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Les 90 ans de Menahem Pressler à l’Orchestre de Paris – Double événement

Paavo Järvi a décidé d’enregistrer son cycle Sibelius avec l’Orchestre de Paris, ce dont on ne pouvait douter depuis leur magique Cygne de Tuonela. Cette fois ils donneront à entendre les deux dernières symphonies du compositeur de Kullervo, les Sixième et Septième, deux œuvres absolument antithétiques, composées à une année de distance (1923-1924), dans des idiomes radicalement différents.
L’orchestre de la Sixième, divisé à l’extrême, d’une écriture toute chambriste, pourrait-être qualifié d’impressionniste tant ses textures sont subtiles et ses motif allusifs. Un frémissement panthéiste la parcourt. La Septième est un roc de sons, une partition toute verticale, abstraite, qui se souvient des déserts de glace de la Quatrième Symphonie, une œuvre radicale qui ouvrira l’ultime période créatrice couronnée par la musique de scène pour La Tempête de Shakespeare et Tapiola.

Un événement donc, mais qui ne doit pas masquer celui de la première partie de ce concert à la Janus. Car ce soir là, on célébrera les 90 ans de Menahem Pressler (1), musicien consommé, pianiste resté longtemps dans le service intime du Beaux Arts Trio et qui reprend depuis quelques années la carrière de soliste où il avait tant brillé durant les années cinquante, et d’ailleurs sensiblement avec le même répertoire : Chopin, Beethoven, Schubert, Mozart surtout dont il retrouvera ici le 23e Concerto. Paavo Järvi y ajoute la formidable 82e Symphonie « L’Ours » de Haydn, histoire de faire la fête encore plus joyeuse. Soirée immanquable et heureusement doublonnée.

Jean-Charles Hoffelé

(1) Deux disques paraissent à l’occasion de cet anniversaire. Le premier regroupe pour les micros de La Dolce Volta la Sonate D 894 de Schubert, où Pressler musarde et savoure chaque mesure, le Rondo KV 511 de Mozart, et de très naturelles Bagatelles op. 126 de Beethoven (La Dolce Volta - LDV 12). Le second enregistré par le label suédois Bis délivre une passionnante interprétation de la Sonate n°31 de Beethoven où la beauté du toucher de Pressler n’est pas sans rappeler celle de Mieczyslaw Horszowski, mais aussi la Sonate D 960 de Schubert, trille magique, mélodie infinie. Le tout complété par le Nocturne en ut dièse mineur op. posth. de Chopin (1 CD Bis 1999)
 
Orchestre de Paris, Paavo Järvi, Menahem Pressler, piano
Œuvres de Mozart, Haydn, Sibelius
29 et 30 janvier 2014 – 20h
Paris - Salle Pleyel

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